Les temps sont mûrs pour une Constituante
Par Youcef Benzatat – L’armée s’est dit engagée aux côtés du peuple pour l’accompagner dans sa révolution pacifique qui s’est donné comme objectif la fondation d’une nouvelle République démocratique, en substituant un ordre nouveau à l’ordre ancien.
Ensemble, l’armée et le peuple, ils sont parvenus à destituer le Président en exercice, Abdelaziz Bouteflika, et s’engagent à mettre hors d’état de nuire les forces «extraconstitutionnelles», identifiées comme étant les représentants de cet ordre ancien. Un ordre caractérisé par son non-respect de la Constitution en vigueur, particulièrement par la neutralisation de la justice et de la vie politique. Un ordre qui fera de la Constitution un outil expérimental au service de sa domination sur la société. De ce fait, la Constitution elle-même fut dévoyée pour rendre ces pratiques anticonstitutionnelles légales et contraignantes pour la société et pour toute possibilité d’émergence d’un véritable contre-pouvoir.
Ce sont ces pratiques contraignantes qui ont motivé le peuple, dans son expression révolutionnaire, à fonder une nouvelle République où la question de la Constitution est primordiale et essentielle. Un nouvel ordre républicain s’accompagne naturellement par une nouvelle Constitution qui le définit et trace les contours.
Dans notre cas particulier, cela suppose la dissolution de l’Assemblée nationale et l’élection d’une Assemblée constituante pour rédiger et adopter cette nouvelle Constitution dans laquelle seront définies les nouvelles dispositions des relations publiques. Une condition primordiale pour pouvoir mettre en pratique les jeux de pouvoir sur la base d’une légalité constitutionnelle souveraine, élections locales, législatives et présidentielle.
A ce stade de la mise en pratique des jeux de pouvoir, le processus révolutionnaire aura clos l’étape transitoire, et la nouvelle République est déjà consolidée.
Reste la question épineuse de savoir comment concrétiser ce processus transitionnel en faisant l’économie de la potentialité du reflux vers l’ordre ancien où l’effondrement de l’Etat et des institutions, synonyme de chaos qui aura pour conséquence une menace sur la paix civile et sur la souveraineté nationale ?
C’est là où le concours de l’armée et son engagement d’accompagnement du processus révolutionnaire devient vital et venir confirmer la sincérité par laquelle elle a dénoué partiellement la crise politique, en destituant le Président en exercice et en s’étant engagée à mettre hors d’état de nuire les forces extraconstitutionnelles !
Il appartient donc à l’armée, en accord avec les choix du peuple, de procéder à un remplacement progressif du personnel qui officie à la tête des institutions de l’Etat et des ministères pour assurer leur continuité et accompagner la période transitionnelle, jusqu’à l’élection de l’Assemblée constituante, la rédaction et l’adoption de la nouvelle Constitution, l’organisation et l’élection de la nouvelle équipe dirigeante.
A ce stade, l’armée aura achevé sa tâche d’accompagnement du processus révolutionnaire et devrait retourner à ses casernes, sans «entêtement, ni tergiversation et sournoiserie», comme l’a si bien exprimé son chef d’état-major lors de sa courageuse et patriotique allocution de disqualification de l’ordre ancien qui constituait un danger potentiel sur le devenir de la nation. En acceptant de se soumettre au commandement d’un gouvernement civil par le biais d’un ministre de la Défense membre de ce gouvernement élu par le peuple.
Dans ces conditions, l’Algérie en sortira grandie et son peuple et son armée auront gagné l’estime et le respect du monde entier. On aura renoué avec notre passé glorieux et restauré notre appartenance au monde libre et souverain que les martyrs nous ont légué.
Y. B.
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