Limogeage de Tartag : l’intrigant paragraphe 5 de Bouteflika a parlé
Par Karim B. – Nous nous interrogions dans un précédent article sur les dessous du cinquième paragraphe de la lettre de démission de l’ex-président de la République. Les premières réponses commencent à tomber. Le limogeage du coordinateur des services de sécurité, le général-major Bachir Tartag, fait partie de ces mesures qu’Abdelaziz Bouteflika a prises dans le sillage de son abdication.
Des observateurs avertis avaient attiré notre attention sur le cinquième paragraphe de la lettre de démission : «J’ai pris les mesures appropriées dans l’exercice de mes prérogatives constitutionnelles pour les besoins de la continuité de l’Etat et du fonctionnement normal de ses institutions durant la période de transition devant mener à l’élection du nouveau président de la République», lit-on, en effet, dans le texte remis au président du Conseil constitutionnel.
La coordination des services de sécurité étant rattachée à la présidence de la République, elle s’est retrouvée sans chef et semble avoir été rattachée à l’état-major de l’ANP en attendant le rétablissement du processus électoral et l’élection d’un nouveau président de la République.
Le départ de Bachir Tartag a été voulu par Abdelaziz Bouteflika par «souci d’éviter que les excès verbaux qui marquent malheureusement l’actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux pour la protection des personnes et des biens qui relève des prérogatives essentielles de l’Etat», avait-il expliqué, sans plus de détails.
Si diverses sources avaient annoncé l’intention de l’ex-Président de quitter sa fonction dans le courant de la semaine passée, il n’en demeure pas moins que Bouteflika semble avoir hésité jusqu’au dernier moment avant de constater que la confrontation ouverte entre le chef d’état-major de l’armée et son frère, appuyé par le patron des services secrets, allait dégénérer.
Saïd Bouteflika avait été accusé d’avoir accaparé les attributions du chef de l’Etat et d’avoir usurpé la fonction suprême, ce qui allait avoir des conséquences désastreuses si le Président ne s’était pas résolu à se retirer «avant qu’il ne soit trop tard», comme il l’a laissé entendre.
La relation entre le chef d’état-major de l’ANP et le patron des services n’a jamais été au beau fixe. Avant le général Tartag, le général à la retraite Mohamed Mediene, dit Toufik, qui a présidé aux destinées du DRS pendant vingt-cinq ans, s’est confronté à l’hostilité du général Ahmed Gaïd-Salah dès sa prise de fonctions en qualité de vice-ministre de la Défense nationale, multipliant les mesures visant à intimider son «rival» jusqu’à le pousser vers la porte de sortie.
La démission de Bouteflika, souhaitée par les manifestants, est en train de renforcer le patron de l’armée qui s’est autoproclamé «père du peuple» dans son dernier discours. Maintenant que Gaïd-Salah s’est débarrassé du locataire d’El-Mouradia et du coordinateur des services de sécurité, va-t-il se présenter comme le successeur du président déchu ?
L’avenir nous le dira.
K. B.
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