Saïd Sadi accuse les services secrets d’avoir fomenté une cabale contre lui
Par Rabah A. – Revenant sur l’«incident» dont il avait été victime vendredi à Béjaïa, lors de la manifestation populaire à laquelle il avait pris part, l’ex-président du RCD Saïd Sadi accuse un groupe d’individus de l’avoir «invectivé» jusqu’à le pousser à sortir de la marche, comme le montrent des vidéos largement partagées sur les réseaux sociaux, où l’on entend des voix crier à sa face : «Dégage !»
Dans sa version des faits, Said Sadi raconte : «Au bout d’environ 900 mètres de marche au cours desquels des centaines de citoyens m’ont salué tout en prenant des selfies avec leur famille, j’ai observé un individu incitant trois autres à m’invectiver en donnant une tape sur l’épaule à l’un de ses acolytes avant de disparaître. Une caméra était opportunément installée précisément au même endroit», écrit-il dans un commentaire posté sur sa page Facebook. Said Sadi tente de minimiser cette provocation, en la qualifiant de «mineure», tout en appelant à les contenir, «tout en sachant que ces opérations peuvent prendre d’autres proportions à l’avenir si elles ne sont pas immédiatement neutralisées». S’en prenant aux «résidus des services spéciaux», il invite ses partisans à ne pas tomber dans le piège de la stigmatisation des habitants de Béjaïa. «Ces officines, écrit-il, sont nos ennemis historiques. Elles sont dans leur rôle. L’Algérie ne sera libre et démocratique que le jour où tous ces organes parallèles auront disparu».
Premier à apporter son soutien à l’ex-chef du RCD, l’écrivain Yasmina Khadra. Dans une lettre qu’il lui a adressée «à chaud», le romancier s’est dit «profondément outré en voyant une poignée d’irresponsables» conspuer Said Sadi. «Que vous reproche-t-on au juste ?, s’interroge-t-il. D’avoir, en de rares moments, cru dans la parole de quelques hypocrites ? Vous y avez cru parce que vous êtes un homme sincère. Tous les êtres sincères se trompent, au début, d’interlocuteurs».
Essayant de le réconforter après cette «provocation» à Béjaïa, le romancier lui demande de ne pas se laisser abattre par une «poignée d’hommes outragés» : «Ne rentrez pas chez vous, docteur Sadi, ne claquez pas votre porte au nez d’une aube nouvelle. Vous avez été l’un des premiers démocrates à vous insurger contre la répression. Vous avez connu la prison, la mise en quarantaine, mais ni les menaces ni les dangers mortels n’ont réussi à vous faire fléchir d’un cran. (…) Vous n’avez pas le droit d’être excédé. Le destin des braves est de subir l’ingratitude et de la considérer comme une grâce. N’est jamais vraiment dépossédé d’une fibre celui que l’on lynche sur la place publique pour ses principes», écrit encore l’auteur de A quoi rêvent les loups.
R. A.
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