Les ministres instruits de sortir sur le terrain : que cherche Bedoui ?
Par R. Mahmoudi – En pleine ébullition de la rue contre l’installation d’Abdelkader Bensalah au poste de chef d’Etat par intérim qui, pour les manifestants, signifie la reconduction du personnel politique du système tant décrié, le Premier ministre prend le risque d’enjoindre à ses ministres d’entamer des visites de terrain dans leurs secteurs respectifs, histoire de relancer les activités du gouvernement mises en veille depuis le déclenchement des évènements que connaît le pays.
S’il est vrai que la mission première d’un gouvernement est, quelles que soient les circonstances, de mettre en œuvre son programme sur le terrain et d’en assurer le suivi permanent, une telle décision, dans la conjoncture actuelle, s’apparente à une véritable aventure aux conséquences incalculables. Envoyer des ministres, en mal de légitimité et, par-dessus tout, rejetés par les manifestants, pour les exposer fatalement à une population en furie contre le pouvoir et déterminée à en découdre avec tous ses hommes («Qu’ils partent tous !», dixit le fameux slogan des manifestants), reviendrait à attiser le feu de la révolte, parce que, tout simplement, cela ne peut être perçu par les citoyens – à l’affût de la moindre information concernant l’actualité politique – que comme un acte de provocation, voire une forme de mépris qu’ils ne sauraient tolérer. C’est un véritable appel aux émeutes !
Noureddine Bedoui est déjà soupçonné par des animateurs du mouvement de la contestation et de l’opposition de mener, depuis quelques jours, une sorte d’opération de «contre-révolution» qu’il aurait entamée par les interdictions des marches dans la capitale et les ordres donnés aux forces antiémeutes de les réprimer, comme cela s’est bien passé, mardi, contre les étudiants qui manifestaient pourtant pacifiquement contre l’investiture d’Abdelkader Bensalah comme chef d’Etat.
Certaines sources médiatiques ont même parlé d’instruction donnée par le ministre de l’Intérieur aux unités de la Gendarmerie nationale de multiplier les barrages à l’entrée de la capitale à partir de vendredi prochain.
R. M.
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