Un ex-officier du renseignement français dévoile une intox du Figaro sur l’Algérie
Par Kamel M. – Alain Rodier a démontré, dans une analyse sur une information «révélée» par Le Figaro, que ce quotidien français de droite fait dans la désinformation. L’ancien officier supérieur au sein des services de renseignements français a, en effet, expliqué que le «scoop» sur une supposée déclaration faite par «les services de renseignements russes à leurs homologues français» sur les événements en Algérie était improbable.
Selon Le Figaro, qui se réfère à un diplomate, les responsables de l’ex-KGB auraient attiré l’attention de la DGSE sur leur refus de «toute ingérence française dans le choix du nouveau régime algérien». Or, explique Alain Rodier, qui se défend d’être russophobe «comme cela est actuellement de bon ton à Paris», ironise-t-il, «cette affaire sent à plein nez l’intoxication».
Le directeur-adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) précise que les diplomates «n’ont structurellement pas accès aux informations recueillies ou échangées par les services secrets», en soulignant que «le pouvoir politique a toujours voulu avoir des réseaux parallèles d’information pour se faire l’idée la plus juste possible d’une situation dans un pays donné». «En France, ajoute-t-il, d’un côté, il y a le Quai d’Orsay, de l’autre la DGSE et cela sans aucune subordination.» Alain Rodier conclut que le diplomate cité par Le Figaro ne peut donc être au courant de cet échange.
Par ailleurs, explique encore l’ancien officier du renseignement français dans sa réponse parue dans Atlantico, la Russie qui «ne veut pas voir Paris s’immiscer dans les affaires intérieures algériennes (…) n’a pas besoin de passer par les services [secrets] pour cela». «Le président Poutine peut directement appeler son homologue Macron ou, s’il n’a pas le temps, utiliser le circuit diplomatique normal. Ce dernier est conçu et financé pour cette mission», note Alain Rodier qui fait observer que «jamais un service ne donne d’ordres ou même de conseils à un service étranger avec lequel il est en relations».
Au cas où cette information serait avérée, Alain Rodier s’interroge : «A qui profite le crime ?» Et de suspecter les auteurs de cette «fuite» de chercher à «nourrir des polémiques dont sont avides les médias, question d’audience et de ventes en kiosques».
L’ancien officier conclut en rejetant toute ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie : «C’est aux Algériens de faire leur choix, et à eux seuls. Aucune influence ne doit venir de l’extérieur, ni de Paris bien sûr, mais non plus ni de Moscou ni d’ailleurs.»
K. M.
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