La nouvelle devise de l’UGTA
Par Nazim Maiza – Les Algériens assistent en «live» à une virevolte ébouriffante au sein de la «casa» UGTA. En effet, même étant sporadique, personne ne peut ignorer ce mouvement contestataire dans les rangs de la centrale. Une agitation sans précédent secoue le labyrinthe UGTA, une agitation qui prétend puiser sa légitimité contestataire dans l’éclosion d’une révolte populaire jamais égalé dans le monde contemporain.
A vrai dire, «surfer» sur le hirak est plus que jamais en vogue même chez les prolétaires «modernes» que nous sommes. Aujourd’hui, les représentants «magiquement» scrupuleux des droits des travailleurs de l’UGTA dénoncent la mainmise d’un clan mafieux sur leur organisation, un clan incarné par Sidi-Saïd. Ils veulent, de prime abord, rompre avec les mécanismes qui régissent la centrale pour ne plus être assimilée comme étant une complémentarité du pouvoir inique en place.
Il est vrai que l’organigramme de l’union est alambiqué et sécurisé par et pour le «mandarinat» aux commandes de ce syndicat. C’est pourquoi, souvenez-vous, de temps à autre, nous apprenions la suspension de secrétaires généraux et autres élus qui dénonçaient la hogra au sein des entreprises publiques ou celle exercée par le commandement envahissant de la direction centrale de l’UGTA, les élections truquées et les cooptations en tous genres.
Dans un passé récent, je ne me souviens pas avoir entendu le moindre chuchotement dénonçant les pratiques archaïques du secrétaire général Sidi-Saïd. Pire encore, tout le monde était dans l’allégeance outrancière envers cet individu qui a, disons-le, perverti viscéralement les fondements mêmes du syndicalisme algérien. Un syndicalisme absent dans les rues algériennes alors même qu’il pouvait apporter un plus dans la construction de l’Algérie de demain.
Rappelez-vous, contrairement à nous, le syndicalisme incarné par l’UGTT fut fort utile à nos voisins tunisiens lors de leur révolte. Parce qu’il était structuré, ce dernier reflétait les réalités du terrain des travailleurs, des réalités tant dans la représentativité que dans le contexte revendicatif bien avant la révolution.
L’insultante manœuvre à laquelle nous assistons aujourd’hui malgré notre miraculeuse révolution populaire, a pour seul et unique but l’accaparation une fois de plus de la machine UGTA. Il est dommage de voir certains caciques de l’UGTA se repositionner et commencer à «manœuvrer» pour se refaire une virginité et prétendre au trône de Sidi-Saïd. Des «anticonformistes» de la vingt-cinquième heure pour qui les leçons du hirak révolutionnaire n’ont pas suffi malheureusement. Beaucoup d’entre ces apparatchiks bien enracinés dans le corps souffrant de l’UGTA, pensent résolument que la tempête ne les touchera point vu qu’aucune «grande» manifestation n’est venue frapper aux portes du palais.
Ce raisonnement démontre, ostensiblement, que les occupants du «bunker» sont loin, bien trop loin de la réalité du terrain des travailleurs algériens. Cela me rappelle la devise de la ville de Paris qu’affectionnent particulièrement certains syndicalistes chez nous ; en vérité, ils semblent l’adopter aujourd’hui plus que jamais : «Fluctuat Nec Mergitur» (Il [Paris] est battu par les flots, mais ne sombre pas).
Les jours à venir nous montreront la maturité du peuple algérien diluée dans celle des travailleurs pour déloger pacifiquement le mal qui ronge l’UGTA et, je l’espère, reconstruire une idée du syndicalisme ancré une fois pour toutes dans les valeurs de justice et d’équité devant les droits et les devoirs.
N. M.
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