L’Egyptien Sawiris veut embraser la Tunisie après avoir saigné l’Algérie
Par Houari A. – La violence avec laquelle la police tunisienne a réagi contre la chaîne de télévision de Nabil Karoui s’explique par l’ingérence flagrante de deux hommes d’affaires étrangers dans les questions intérieures de la Tunisie.
La chaîne Nessma est désormais interdite de diffusion depuis que les autorités tunisiennes ont constaté qu’une émission en apparence sociale visait à montrer un visage hideux de la Tunisie à travers des reportages dans les coins les plus reculés du pays où la misère est insupportable. Le patron du média tunisien a animé une conférence de presse dans laquelle il a dénoncé le pouvoir qu’il a qualifié de pire que le régime policier de Ben Ali, avant d’admettre que la télévision compte deux associés étrangers : l’Egyptien Naguib Sawiris et l’Italien Silvio Berlusconi.
On apprend ainsi que l’ancien hôte ingrat de l’Algérie, qui a traîné l’Etat algérien devant les tribunaux internationaux après avoir bénéficié de facilités douteuses dès le premier mandat d’Abdelaziz Bouteflika, est partie prenante dans cette action de déstabilisation en Tunisie, montrée ainsi du doigt comme un pays où le gouvernement abandonne une partie de ses administrés livrés à eux-mêmes.
Le «mécène» Nabil Karoui, qui affirme avoir prévu la distribution de centaines de milliers de repas aux nécessiteux durant le mois sacré de Ramadhan, a, pour rappel, travaillé en Algérie où il avait ouvert une agence de communication lucrative avant de mettre la clé sous le paillasson, en laissant derrière lui des partenaires qui attendent d’être payés à ce jour.
L’alliance entre Nabil Karoui et Naguib Sawiris ne peut, dès lors, être que suspecte, et leur action, prétendument caritative, cache en réalité des desseins politiques. D’où la réaction violente du gouvernement tunisien qui a compris le caractère insidieux de l’opération menée dans un contexte électoral sensible.
Naguib Sawiris n’est évidemment pas un inconnu des Algériens. Son nom est souvent cité dans les médias pour ses démêlés avec l’Etat algérien. En juin 2017, il avait perdu la procédure d’arbitrage intentée contre l’Algérie dans laquelle il réclamait cinq milliards de dollars de dommages et intérêts, selon le verdict rendu par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements relevant de la Banque mondiale. L’entreprise de Sawiris, Orascom TMT Investment, devait également payer 2,84 millions de dollars et 58 382,16 euros à l’Etat algérien pour l’indemniser pour les frais juridiques et dépenses qu’il avait engagés durant cette procédure arbitrale. L’a-t-il fait ?
H. A.
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