Ahmed Ouyahia sera-t-il le «témoin» qui entraînera les Bouteflika devant le juge ?
Par Karim B. – C’est ce mardi que l’ex-Premier ministre comparaît au tribunal de Sidi M’hamed, à Alger. Ahmed Ouyahia sera entendu dans les affaires liées à l’octroi d’indus avantages et à la dilapidation des deniers publics.
La convocation de l’ancien chef de l’Exécutif se rapporte à l’arrestation d’un certain nombre d’hommes d’affaires accusés d’avoir bénéficié de marchés publics grâce à leur proximité avec l’«ancien régime» incarné par le frère du Président démissionnaire, Saïd Bouteflika. Or, il est fort à parier qu’Ahmed Ouyahia et l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, qui occupe actuellement le poste de ministre des Finances, Mohamed Loukal, plaideront non coupables, en fondant leur défense sur la nature même du système Bouteflika dont la caractéristique principale fut la concentration de tous les pouvoirs, y compris celui de la justice, entre ses mains.
On se souvient que tous les responsables, du simple président d’APC jusqu’au Premier ministre, en passant par les walis et les directeurs des entreprises publiques, étaient astreints à la formule obligatoire qui devait montrer que toute action était dictée par le président de la République et que personne d’autre que le chef de l’Etat n’avait le droit de s’attribuer la paternité du projet annoncé ou inauguré.
Ahmed Ouyahia, connu pour sa fidélité absolue au clan présidentiel depuis 1999 jusqu’à sa chute, assumera sans doute une partie de la responsabilité dans les chefs d’accusation qui pèsent sur lui, mais il va de soi qu’il refusera de payer seul pour les graves dépassements qui ont été commis sous le règne de Bouteflika, quand bien même il aura été l’exécutant zélé de ses décisions controversées.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’Ahmed Ouyahia fait partie des personnalités politiques les plus citées par les manifestants comme faisant partie du cercle fermé de la «mafia» qui a détourné l’argent du peuple au profit d’une oligarchie dont une partie se retrouve aujourd’hui derrière les barreaux.
La justice, qui a ouvert les dossiers de la prévarication et de la corruption a, jusqu’ici, procédé par étape, commençant par les «bénéficiaires» de la manne pétrolière et les responsables subalternes, jusqu’à arriver au Premier ministre Ahmed Ouyahia qui semble être le dernier maillon avant d’atteindre les «chefs du clan», comme le réclament les millions d’Algériens qui exigent que les procès des accusés dans toutes les affaires en cours se déroulent dans la transparence totale.
C’est ce message que la foule nombreuse qui attend Ahmed Ouyahia de pied ferme devant le tribunal de Sidi M’hamed, ce mardi matin, entend transmettre aux juges et aux décideurs.
K. B.
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