Le chef d’état-major de l’ANP lance-t-il des messages codés à Taleb Ibrahimi ?
Par R. Mahmoudi – Des médias se réclamant du nouveau pouvoir, donc bien inspirés, sont revenus ce week-end avec insistance sur un scénario qui avait été envisagé, un moment, au début des manifestations populaires contre le système et qui ne semblait pas séduire beaucoup de monde : celui d’une transition dirigée par l’ex-ministre des Affaires étrangères sous Chadli Bendjedid et candidat à la présidentielle de 1999, Ahmed-Taleb Ibrahimi.
Cela se passe étrangement au moment où le pouvoir, incarné aujourd’hui par le chef d’état-major de l’ANP, réaffirme son engagement à accompagner une solution constitutionnelle à la crise que traverse le pays, à travers les élections présidentielles du 4 juillet, et tente, vaille que vaille, de convaincre la classe politique d’adhérer à sa démarche.
«Depuis le début du mouvement populaire, le nom d’Ahmed-Taleb Ibrahimi figurait toujours parmi les candidats les plus pressentis pour jouer un rôle politique pendant la période de transition», écrit un quotidien acquis à la ligne politique du chef d’état-major, avant d’ajouter : «Il est à remarquer que le portrait du fils de cheikh Bachir Ibrahimi a été fortement brandi par les manifestants à travers les wilayas du pays ce vendredi. Aussi, est-il devenu la personnalité nationale la plus populaire sur les réseaux sociaux et la plus pressentie pour conduire la période à venir». Pour l’auteur de cet article, si le choix d’une transition politique risque a priori de se heurter à l’attachement de l’institution militaire au processus électoral, Taleb Ibrahimi pourrait éventuellement être adoubé par la classe politique pour mener des réformes pendant une année et annoncer ensuite des présidentielles anticipées.
Un autre quotidien du même bord évoque une «présence remarquée» des slogans appelant à la désignation d’Ahmed Taleb Ibrahimi, avec Ahmed Benbitour, à la tête d’une instance de transition qui sera chargée d’organiser les prochaines élections présidentielles à la place de «3B», rejetés par le peuple.
Si les deux médias appuient leur discours par des images montrant réellement quelques banderoles portées par des manifestants chantant la gloire d’Ahmed-Taleb Ibrahimi, rien n’indique que c’est le choix de la majorité. Nul ne peut estimer son audience réelle, en dehors des milieux conservateurs. Mieux encore, l’homme, aujourd’hui âgé de 87 ans, est quasiment absent des débats actuels et, à l’exception d’une brève intervention, ne fait aucun commentaire sur les événements qui se déroulent depuis plus de deux mois.
R. M.
Comment (124)