La France ouvre les hostilités contre Gaïd-Salah : première charge via l’AFP
Par Kamel M. – La France, qui s’était jusque-là défendu de vouloir s’ingérer dans la crise politique algérienne, a tiré la première salve en direction du chef d’état-major de l’ANP. Se couvrant derrière des militants algériens des droits de l’Homme, l’agence de presse gouvernementale française s’est néanmoins fendue d’un commentaire «sans guillemets», qu’elle assume donc.
«Des millions d’Algériens continuent de manifester chaque vendredi pour réclamer le départ de l’ensemble du système au pouvoir, notamment le général Gaïd-Salah, qui fut un pilier du régime Bouteflika durant 15 ans», écrit l’AFP, qui ajoute que «la contestation l’a (le général Gaïd-Salah, ndlr) considéré comme un possible allié quand il a lâché M. Bouteflika, mais sa volonté acharnée d’imposer un processus de transition conforme à la Constitution, dont l’organisation d’une présidentielle le 4 juillet, suscite désormais la colère et les soupçons».
Le chef d’état-major de l’ANP avait accusé «un pays lié par l’histoire» de chercher à déstabiliser l’Algérie, après avoir laissé entendre que d’anciens hauts responsables sécuritaires et politiques algériens se seraient réunis en présence d’officiers du renseignement français. Cette accusation a débouché sur l’arrestation de l’ancien patron du DRS, de l’ex-coordinateur des services de sécurité, du frère du Président déchu et de la cheffe de file du Parti des travailleurs.
L’agence de presse française fait écho à la réaction de deux associations, RAJ et la LADDH, selon lesquelles «l’incarcération de la [cheffe d’un parti algérien trotskiste] dans une affaire de complot contre l’Etat montre que l’armée veut imposer de force son schéma de transition post-Bouteflika, pourtant rejeté par la contestation», la LADDH estimant qu’«un autre pas est franchi» avec l’arrestation de Louisa Hanoune, «une femme politique, cheffe d’un parti, arrêtée après sa comparution en tant que témoin devant le tribunal militaire, ouvrant par-là la voie à tous les scénarios et toutes les dérives».
Tendant le micro au président du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), l’AFP relaie son commentaire selon lequel «la détention de Mme Hanoune montre la volonté du pouvoir réel, incarné par le chef d’état-major, de faire passer de force son agenda consistant à maintenir le système en organisant les élections du 4 juillet».
Cette même élection du 4 juillet qui avait fait réagir l’ambassade de France avec célérité suite à ce que l’APS a considéré comme une bourde, en laissant entendre que le Quai d’Orsay «souhaite le déroulement de la présidentielle algérienne dans de bonnes conditions».
Jusqu’où ira le bras de fer entre l’homme fort de l’armée et l’ancienne puissance coloniale ?
K. M.
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