Bouguerra Soltani veut jouer les médiateurs entre l’armée et le peuple
Par R. Mahmoudi – L’ex-chef du MSP et ex-ministre sous Bouteflika Bouguerra Soltani a été le premier à réagir au discours prononcé, lundi, par le chef d’état-major de l’ANP à Ouargla.
Allant à contre-courant de la plupart des partis de l’opposition qui ont vu dans la nouvelle adresse du général Gaïd-Salah une volonté de «tourner le dos» aux revendications du peuple, en réaffirmant son attachement à l’élection présidentielle, Soltani trouve, lui, dans l’intervention du chef de l’armée une volonté sincère d’«amorcer une solution pratique, destinée au hirak, à la classe politique, aux élites et aux institutions nationales».
S’exprimant au nom de l’ONG qu’il a fondée récemment (Forum mondial de la voie médiane), à travers une déclaration diffusée sur sa page Facebook, Bouguerra Soltani se permet même d’expliciter la «proposition» contenue dans le discours de Gaïd-Salah. Selon lui, cette proposition repose sur trois démarches «urgentes» : accélérer la mise en place de la commission électorale indépendante ; organiser l’élection présidentielle le plus rapidement possible pour «mettre fin à ceux qui veulent prolonger la crise» et, enfin, mettre en garde contre les risques d’un vide constitutionnel.
Dans sa lecture, Soltani estime que tant que le chef d’état-major n’a pas évoqué le rendez-vous du 4 juillet, c’est qu’il y a espoir qu’un accord sur un autre rendez-vous proche puisse constituer un point de convergence entre le hirak, la classe politique et les institutions de l’Etat. Un accord qui pourrait, selon lui, conduire à la création d’une instance nationale d’organisation des élections, en s’appuyant sur l’article 194 de la Constitution et aussi à la révision de la loi électorale. Ce processus est, selon Soltani, susceptible de mettre fin au «dialogue de sourds» qui prévaut actuellement, tout en épargnant au pays les retombées d’une longue période de transition et «en barrant la route aux aventuriers qui cherchent à provoquer la rupture entre le peuple et l’armée».
Soltani est persuadé que si le hirak répond favorablement à l’appel de l’armée et si la classe politique accepte le principe du dialogue, la majorité reprendra l’initiative pour construire un nouvel Etat, en neutralisant les forces extraconstitutionnelles par l’activation des articles 7 et 8 de la Constitution et la tenue de la présidentielle dans des conditions transparentes et sous un contrôle populaire rigoureux.
R. M.
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