Pourquoi les islamistes se démarquent du «jusqu’auboutisme» de la rue
Par R. Mahmoudi – Les deux principaux partis islamistes, à savoir le MSP d’Abdarrazak Mokri et le FJD (El-Adala) d’Abdallah Djaballah, multiplient les gestes de rapprochement avec les engagements politiques du commandement de l’état-major de l’ANP, en tenant à se démarquer subrepticement de certains slogans ou revendications portés avec de plus en plus d’insistance par les manifestants ces dernières semaines, notamment ceux appelant à une transition indéterminée ou à une Assemblée constituante.
S’exprimant au lendemain du dernier discours du général Gaïd-Salah, le chef de file d’El-Adala a réitéré son appel au report de l’élection présidentielle prévue le 4 juillet prochain et à la mise en place d’une «courte transition».
«Nous avons toujours dit, a déclaré Abdallah Djaballah, que la solution (à la crise actuelle, ndlr) devrait traduire le contenu de l’article 7 de la Constitution et qu’il faudrait mettre au point des mécanismes devant permettre l’application de ces contenus.» Et de poursuivre : «Nous avons proposé une ‘’courte transition’’ de pas plus de six mois mais notre proposition est différente de ce que proposent les fidèles de la France ou ceux qui persistent à exiger la mise en place d’une Assemblée constituante», tient-il à préciser.
Cette courte transition, selon Djaballah, serait conduite par un chef d’Etat qui serait investi des pouvoirs présidentiels ou par un conseil présidentiel composé de 3 à 5 personnalités reconnues pour leurs compétences, leur expertise, leur «bonne conduite» et leur bonne réputation au sein du peuple, à condition qu’elles n’aient pas été associées au pouvoir de Bouteflika. L’institution militaire devrait se contenter d’assister l’instance de direction, «loin de toute contrainte, entrave ou injonction».
Pour lui, la mission prioritaire des dirigeants de la transition est d’élaborer les dispositifs juridiques nécessaires pour la tenue de nouvelles élections (révision de la loi électorale, assainissement du fichier électoral, mise en place d’une commission indépendante d’organisation des élections….).
Allant dans le même sens, le MSP appelle au report de la présidentielle du 4 juillet pour une durée ne devant pas dépasser six mois et à la mise en place d’une commission indépendante d’organisation des élections.
Dans un communiqué sanctionnant les travaux de la réunion de son bureau exécutif, tenue mardi, le MSP met en garde contre «toutes formes de clivages idéologiques ou partisans» et contre «tout ce qui est susceptible de semer divisions et animosités entre Algériens», en appelant à éviter «tout comportement susceptible de créer des tensions dans les différentes marches populaires».
R. M.
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