Pourquoi ne pas faire confiance aux «trois mousquetaires» ?
Par Aziz Ghedia Aziz – Trois personnalités politiques ont adressé, la semaine dernière, un appel aux tenants du pouvoir actuel pour les exhorter d’annuler l’élection présidentielle du 4 juillet. Il s’agit de Ahmed-Taleb Ibrahimi, Ali-Yahia Abdenour et du général à la retraite Rachid Benyelles. Cette initiative, très attendue par le mouvement citoyen, est louable à plus d’un titre. Elle permettrait − si AGS et donc l’état-major en tiendra compte et lui donnera une suite favorable dans les plus brefs délais − de faire aboutir les revendications populaires exprimées d’une manière continue, chaque vendredi, depuis le 22 février dernier. Ces revendications, tout à fait légitimes, consistent, bien entendu, à faire table rase de tout le passé, en fait de toute la période de règne de l’ex Président Abdelaziz Bouteflika, caractérisée par une gabegie sur tous les plans, et à entamer la construction d’une nouvelle République.
Ces «trois mousquetaires», pour reprendre l’expression de certaines mauvaises langues qui voient en cette initiative une remise en cause de leurs privilèges, sont tous âgés et ne pourront donc pas prétendre à des hautes fonctions au sein de la prochaine République. De ce point de vue, nous ne pouvons qu’être rassurés. Il n y a aucun risque qu’on nous sortira la fameuse «h’na imout Kaci» (j’y suis, j’y reste).
Ceci d’une part. D’autre part, nous pensons honnêtement que ce trio est très bien équilibré et est représentatif de toutes les franges de la société algérienne.
Ahmed-Taleb Ibrahimi n’est plus à présenter puisque dans le passé, il avait occupé plusieurs postes ministériels (du temps de Houari Boumediene et de Chadli Bendjedid). Il représente le courant islamiste qui, que l’on veuille ou pas, est une réalité dans notre société.
Ali-Yahia Abdenour, en tant qu’ancien militant des droits de l’Homme, représente tous les démocrates, laïcs, socialistes, communistes (s’il se trouve que ce courant idéologique existe encore dans notre pays).
Quant au général Rachid Benyelles, rien qu’à l’évocation de son grade l’on comprend bien qu’il est le représentant de la «grande muette» qui, par les temps qui courent, occupe beaucoup plus la scène politique que les politiques eux-mêmes.
Une chose est sûre, l’Algérie est dans une situation politique telle que toutes les initiatives de sortie de crise sont les bienvenues. Qu’elles émanent de jeunes ou de vieux, nous n’avons pas le droit de faire la fine bouche et de ne pas les prendre au sérieux. D’autant plus que, en ce qui concerne par exemple ces trois personnalités, elles ne seront là que pour un temps déterminé : la période de transition politique.
Les Algériens de bonne volonté avaient pratiquement adhéré à cette initiative. Plusieurs partis politiques de l’opposition avaient fait des communiqués pour encourager et même renforcer les propositions de ces trois personnalités au-dessus de tout soupçon. On commençait à espérer et à entrevoir le bout du tunnel car cette crise, de l’avis de tous, a assez perduré. Malheureusement, le chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd-Salah, qui semble n’en faire qu’à sa tête, a rejeté cette initiative.
A. G. (membre fondateur de Jil Jadid)
NDLR : les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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