La mort de Kamel-Eddine Fekhar risque d’enflammer le M’zab à nouveau
Par Houari A. – Les réactions au décès de l’activiste Kamel-Eddine Fekhar en prison suite à une grève de la faim ne se sont pas fait attendre. A Ghardaïa, des citoyens ont manifesté pour réclamer la vérité sur les circonstances de la mort de cet ancien militant du FFS.
Cette mort tragique de cet autonomiste proche des thèses du MAK de Ferhat Mehenni, risque d’enflammer le M’zab à nouveau après que cette région eut connu une dangereuse période d’instabilité suite aux affrontements intercommunautaires qui avaient fait plusieurs morts. L’Etat avait dû déployer des moyens colossaux pour rétablir le calme.
Les manifestants qui sont sortis à Ghardaïa hier soir ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. Les mêmes qu’on a l’habitude d’entendre en Kabylie, «Pouvoir assassin !», et des appels au wali pour quitter la wilaya : «Le wali, dégage !», une façon pour les protestataires de signifier leur non-reconnaissance de l’autorité de l’Etat dont ils réclament le départ. Les manifestants brandissaient le drapeau berbère.
Kamel-Eddine Fekhar avait été incarcéré pour «complot contre la sécurité de l’Etat». Il avait entamé une grève de la faim. La dégradation de son état de santé avait obligé les autorités pénitentiaires à l’admettre à l’hôpital de Ghardaïa avant d’être transféré à Blida où il a rendu l’âme. Sa mort dans ces circonstances dramatiques et dans ce contexte, marqué par les manifestations à travers tout le pays depuis le 22 février dernier, sera-t-elle l’étincelle que beaucoup d’agitateurs espéraient pour faire dévier le hirak de son caractère pacifique ?
La mort de cet activiste met, en tout cas, les autorités dans une situation délicate. L’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités dans ce drame ne suffira certainement pas à calmer la colère des citoyens de Ghardaïa qui participaient déjà massivement aux manifestations de vendredi pour réclamer le changement radical du système.
Un nouveau bras de fer s’annonce au moment où les autorités militaires peinent déjà à trouver une issue à la crise politique qui va en s’enlisant.
H. A.
Comment (57)