Rien n’est acquis
Par R. Mahmoudi – Annoncé en grande pompe, le discours à la nation prononcé par le chef d’Etat intérimaire s’est avéré être une pâle copie du dernier message du chef d’état-major de l’ANP où il avait appelé au dialogue pour préparer l’élection présidentielle dans les plus brefs délais avec, comme garantie, la mise en place d’une commission indépendante d’organisation de ladite élection.
Cet appel du général Ahmed Gaïd-Salah n’a fait qu’exacerber les esprits et ranimer la colère des manifestants qui l’ont bien exprimée lors des marches du vendredi dernier, notamment à Alger et dans certaines grandes villes, par des slogans et des caricatures encore plus hostiles que ceux qui avaient été portés lors des manifestations précédentes. Ce qui augurait d’un durcissement dans la confrontation entre le hirak et le commandement de l’institution militaire qui pouvait, à la longue, créer un climat délétère propice à toutes sortes de manipulations ou à des dérives dangereuses. Dans son dernier discours, Gaïd-Salah avait indirectement évoqué ce risque, en s’attaquant à ceux qui tentaient, selon lui, d’infiltrer le mouvement de contestation et d’y imposer des slogans hostiles à l’ANP et à son commandement.
Du coup, cette focalisation qui a déjà fortement commencé sur les réseaux sociaux contre Abdelkader Bensalah, décrit comme un «apprenti dictateur» et un «président illégitime qui s’octroie des pouvoirs indus», peut largement détourner l’opinion, le temps d’un vendredi, et faire reléguer au second plan le nom de Gaïd-Salah, en attendant que les choses évoluent avec, notamment, l’ouverture d’un processus de dialogue qui devrait avoir lieu dans les prochains jours.
Or, rien n’est acquis tant que les anciennes figures honnies par la rue sont maintenues dans leur poste et continuent de narguer les citoyens.
R. M.
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