Réveil soudain
Par R. Mahmoudi – Le hasard fait bien les choses. L’annonce de la mort de l’ex-président égyptien Mohamed Morsi, suivie, quarante-huit heures plus tard, de la publication d’un rapport onusien accablant sur l’assassinat, en 2018, du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, imputé au prince héritier de l’Arabie Saoudite, sont venues revigorer les Frères musulmans et les sauver d’une déconfiture certaine, à un moment où ils étaient partout discrédités, isolés ou éjectés du pouvoir.
Dans ce réveil soudain, les médias pro-qataris, Al-Jazeera en tête, relayés machinalement par les agences de presse occidentales, se sont démenés pour saturer les réseaux sociaux en flashs d’information et en commentaires, décrivant alternativement la mort de l’ancien Président islamiste égyptien comme la preuve «vivante» d’une injustice faite aux Frères musulmans par une «dictature militaire» et les nouvelles preuves établissant la culpabilité de l’homme fort de Riyad, ennemi juré des Frères musulmans, comme une victoire sur un régime qui freine, depuis trois ans, le redéploiement du Qatar, principal soutien de l’international islamiste basée à Istanbul depuis la chute, en 2012, du régime islamiste de Mohamed Morsi en Egypte.
Parrainée officiellement par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui, toute une symbolique, a présidé la prière de l’Absent à la mémoire de Mohamed Morsi, cette offensive politico-médiatique s’est aussitôt propagée dans tous les pays de la région, y compris en Algérie, où les partis politiques inféodés à la secte des Frères musulmans se mobilisent et avancent leurs pions en perspective des grandes échéances politiques qui attendent le pays.
Se retrouvant dans une nouvelle alliance, le MSP d’Abderrazak Mokri et El-Adala d’Abdallah Djaballah cherchent ouvertement à s’approcher des nouveaux décideurs dans l’espoir de se propulser dans le prochain gouvernement, tout en lorgnant le fauteuil du premier magistrat du pays. En tous les cas, ils ne désespèrent pas de se voir portés au pouvoir par cette deuxième vague du «printemps arabe» qui souffle sur la région dès lors que la première leur avait bien porté chance.
R. M.
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