Drapeau amazigh : quand le FLN traduit le discours contesté de Gaïd-Salah
Par Houari A. – L’opinion publique découvre un nouveau porte-parole du chef d’état-major de l’ANP. Il s’agit d’Abou El-Fadel Baâdji, membre du bureau politique du FLN. Dans un entretien à l’agence russe Sputnik, il a essayé de donner des explications aux propos tenus par le général Gaïd-Salah dans son dernier discours au sujet des instructions données aux forces de sécurité pour interdire tout drapeau autre que l’emblème national dans les marches.
Ce membre de la direction du FLN estime, ainsi, que le chef de l’armée ne s’était pas attaqué au drapeau amazigh, comme beaucoup l’ont compris, mais c’est surtout celui du mouvement séparatiste MAK qui était visé dans ce message. Cette déclaration s’apparente à une tentative de rectifier le tir, après la vague de protestations sur les réseaux sociaux dénonçant des propos «provocateurs» et «une attaque visant à diviser le hirak». Mais on ignore si ce dirigeant du FLN est autorisé à réinterpréter un message du premier responsable de l’armée.
Abou El-Fadel Baâdji insiste sur le fait que le chef d’état-major n’avait pas visé particulièrement le drapeau amazigh «mais tous les drapeaux en dehors de l’emblème national» et qu’il avait, au contraire, appelé tous les Algériens à s’unir autour d’un seul «objectif sous l’emblème national». «Avant tout, explique-t-il, il faut rappeler que le drapeau berbère n’est pas spécifique à la région de Kabylie en Algérie mais à tous les territoires berbérophones qui se répartissent dans tous les pays maghrébins». Et d’ajouter : «Dans ce sens, il est nécessaire de relever que le général Gaïd-Salah est lui-même berbère du fait qu’il est originaire de la région des Chaouia, dans l’est de l’Algérie». Une origine que le concerné a, du reste, toujours nié, selon de nombreuses sources.
Dans le même sillage, Baâdji justifie cette mise en garde de Gaïd-Salah par le fait que, selon lui, «la majorité des Algériens n’ont pas aimé la présence lors des manifestations d’autres drapeaux que l’emblème national». «Ceci, a-t-il dit, était vu comme quelque chose pouvant diviser la révolution populaire, puisque ces drapeaux symbolisent des revendications régionales et non nationales.»
En conclusion, Abou El-Fadel Baâdji affirme que le discours du chef d’état-major de l’ANP «ne doit pas être lu de manière fractionnée mais dans toute sa globalité et en le replaçant dans la lignée de tous ses messages depuis le début de la révolte populaire».
Le membre du bureau politique du parti historique dont le nom a été usurpé, selon l’Organisation nationale des Moudjahidine qui réclame la restitution du sigle au peuple, s’accroche au commandement actuel de l’armée pour éviter le naufrage. Mais le bateau est déjà à moitié sous l’eau et la réponse à ce grave dérapage est déjà venue des millions d’internautes qui répondront d’une seule voix ce vendredi pour sauvegarder un acquis – la reconnaissance de tamazight – désormais menacé.
H. A.
Comment (64)