Régression
Par Saïd N. – Le hirak vient d’entrer dans une phase de tension qui risque de le dévier de sa trajectoire. Le durcissement des autorités, sous différents prétextes, contre les manifestants dénote une volonté d’en découdre par tous les moyens, quitte à pousser le pays dans un bourbier dont nous ne risquons pas de sortir sitôt. Conséquence de ce climat délétère, le retour en force des discours sur l’identité et des clivages idéologiques fait planer sur le pays l’atmosphère qui régnait au début des années 1990.
C’est pourquoi la classe politique doit se hâter de prendre l’initiative et se surpasser pour encadrer le débat et le rationaliser. Il est temps qu’elle fasse des propositions concrètes et réalisables et qu’elle s’impose comme interlocutrice pour une sortie de crise consensuelle. A défaut de quoi, le commandement de l’institution militaire, qui représente le pouvoir de fait, continuera à se complaire dans sa gestion autoritaire et dans son soliloque qui, loin de faire avancer les choses, accentue les tensions et en créée d’autres.
Mais, pour y parvenir, cette classe politique est d’abord appelée à s’unir sur une démarche et une vision d’avenir communes. Ce qui n’est malheureusement pas le cas, jusqu’ici. Lorsqu’on voit les tiraillements qui déchirent actuellement un parti comme le FFS, un parti qui aurait pu jouer un rôle dans la crise du drapeau actuel, on mesure la régression dans laquelle tout le pays risque de plonger.
S. N.
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