Ce que l’ex-président tunisien dit sur la révolution populaire pacifique en Algérie
Par Saïd N. – L’ancien président tunisien Moncef Marzouki évoque à nouveau la situation en Algérie et réitère ce qu’il avait déjà déclaré à la chaîne Al-Jazeera, il y a quelques semaines : «Les dirigeants algériens, récemment déchus, ont soutenu la contrerévolution en Tunisie en 2014».
Dans un entretien à l’agence russe Sputnik, Moncef Marzouki estime que «les dirigeants algériens, aujourd’hui déchus ou en prison, ont eu très peur de la révolution en Tunisie. Ils voyaient d’un très mauvais œil le gouvernement démocratiquement élu et le début de la lutte contre la corruption. Ils ont donc appuyé de façon directe et indirecte l’ancien régime». Et d’enchaîner : «Mais ce qu’ils redoutaient le plus, la contagion tunisienne, a fini par arriver chez eux. Hélas, au moment où la Tunisie est elle-même entrée en récession démocratique».
Pour l’ex-président tunisien, la révolution populaire en Algérie va non seulement servir de «bouclier» pour les changements à venir en Tunisie «après la fermeture de la parenthèse de la contrerévolution», mais elle devrait également permettre de relancer le projet d’un Grand Maghreb «que les peuples maghrébins appellent de leurs vœux», estime-t-il. «J’ai confiance dans la détermination du peuple algérien qui est un grand peuple. Depuis seize semaines, les Algériens manifestent tous les week-ends et, contrairement à ce qui s’est passé en France, il n’y a eu ni œil crevé ni main arrachée». Il considère que l’Algérie «est en train de donner l’exemple de la conduite d’une révolution démocratique, pacifique et, surtout, d’une révolution qui ne s’en laisse pas compter».
Sur sa lancée, Marzouki est persuadé que, contrairement aux Tunisiens qui ont été, selon lui, «naïfs» en acceptant de faire la transition avec l’ancien régime, «les Algériens, eux, n’accepteront pas que le système se perpétue». D’après lui, une vraie rupture en Algérie «débouchera inéluctablement sur un rapprochement avec le Maroc».
A ce propos, il révélera que, dès 2012, il avait entrepris une tournée des capitales maghrébines pour tenter un rapprochement entre le Maroc et l’Algérie sur la question de l’«abrogation des vieilles frontières» qui sont, selon ses termes, «une aberration aussi bien pour les peuples que pour les Etats» mais «le niet est toujours venu des dirigeants algériens», affirme-t-il.
S. N.
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