Le pouvoir post-Bouteflika sera-t-il «repêché» par une fatwa ce mardi ?
Par Kamel M. – C’est ce mardi que s’achève la «légitimité» du pouvoir actuel qui était censé gérer une période transitoire courte après la démission d’Abdelaziz Bouteflika et organiser des élections dans les délais prescrits par la Constitution.
A un jour de la fin de cette échéance, ni la présidentielle n’a été organisée ni les signes d’une sortie de crise ne pointent à l’horizon. Que va faire le décideur du moment, l’omnipotent chef d’état-major de l’ANP ? L’insistance du commandement de l’armée à ne pas «violer» la Loi fondamentale et à s’y astreindre en rejetant toute idée de transition, a fini par écarter le pouvoir actuel de celle-ci, au point de revenir à la case de départ trois mois après la vacance de la présidence de la République.
Le Conseil constitutionnel sera vraisemblablement mis à contribution encore une fois pour assurer une couverture juridique à un pouvoir dont le maintien ne fera qu’aggraver la situation et risque même de provoquer une confrontation au cas où ceux qui le composent, tous issus du régime Bouteflika, ne lâchent pas les commandes définitivement et ne laissent pas la place à des personnalités consensuelles qui conduiront un dialogue en vue de rétablir le processus électoral au plus vite.
La mobilisation des millions de citoyens qui manifestent chaque vendredi pour réclamer le départ de tous les symboles du système ne faiblit pas, en dépit de toutes les tentatives qui ont visé à casser l’élan populaire en bloquant les accès vers la capitale, en réprimant et en arrêtant des manifestants, en jouant sur les divisions, etc. La rue paraît résolue à poursuivre son mouvement jusqu’à l’aboutissement de ses revendications, alors que le pouvoir semble sourd aux exigences irrévocables des citoyens. Mardi, l’Algérie franchira un nouveau pas dans sa crise politique. Le pouvoir, rejeté par le peuple, s’éloignera encore plus de la Constitution qu’il affirme pourtant s’employer à faire respecter. Une Constitution taillée sur mesure pour l’ancien régime avec la bénédiction de ceux qui affirment le combattre aujourd’hui.
Le Forum pour le dialogue national, qui s’est tenu ce samedi, sera-t-il la rampe de lancement pour une initiative commune entre le pouvoir – de fait – et l’opposition – dispersée – pour éviter au pays de basculer vers l’irréparable ?
K. M.
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