Saïd, hirak, corruption : les confessions de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika
Par Saïd N. – En l’absence d’informations officielles sur ce qu’il est advenu de l’ex-chef d’Etat, Abdelaziz Bouteflika, depuis sa destitution le 2 avril dernier, suite à un soulèvement populaire, plusieurs versions ont été données par différents médias, notamment étrangers qui paraissent plus intéressés par cet aspect de la vie politique algérienne que la presse nationale.
Dernière enquête en date sur ce sujet, celle publiée ce samedi par le quotidien panarabe Al-Charq Al-Awsat qui révèle que le Président déchu vit dans la maison familiale située à El-Biar, entouré de ses deux sœurs et d’un de ses frères. D’autres sources avaient rapporté qu’Abdelaziz Bouteflika vivait toujours dans sa résidence médicalisée à Zeralda.
Le correspondant du journal arabe basé à Londres cite un membre de l’équipe médicale qui était chargé de la rééducation quotidienne de l’ex-chef de l’Etat, selon lequel ce dernier passe le plus clair de son temps dans le jardin de la villa aux clôtures trop élevées, d’après lui, pour permettre de voir à l’intérieur. La même source précise que le rééducateur en question relevait d’une clinique privée. Ce qui laisse croire que ses soins ne seraient plus pris en charge par l’Etat. Cependant, le Président déchu dispose toujours d’une voiture présidentielle avec chauffeur.
Dans son témoignage, ce membre de l’équipe médicale décrit un Abdelaziz Bouteflika vêtu d’une djellaba tlemcénienne, coiffé d’un bonnet et se déplaçant difficilement dans sa chaise roulante au milieu du jardin. Selon ce témoignage, très peu de gens l’ont vu dans sa retraite, parmi lesquels, essentiellement, des domestiques, des membres du personnel médical et, bien évidemment, les membres de sa famille.
Selon des sources proches de la famille Bouteflika, citées par le même journal, l’ex-président de la République serait très affecté par l’incarcération de son frère cadet, Saïd. Aussi ses proches auraient-ils essayé de le persuader de demander au chef d’état-major de l’ANP de faire libérer son frère mais l’ex-président aurait refusé, selon la même source. Ce dernier aurait dit à son entourage : «La manière dont on m’a forcé à démissionner indique bien que ma famille était dans le collimateur, au même titre que moi. C’est pourquoi toute démarche pour obtenir sa libération est vaine.»
Al-Charq Al-Awsat rapporte que l’ex-président ne suit que très rarement ce qui se passe dans le pays. Aussi, les manifestations populaires ne l’intéresseraient-elles guère davantage. Un jour, raconte l’auteur de l’enquête, Bouteflika a été entendu dire à une de ses sœurs : «Je ne comprends pas cet acharnement contre moi. J’ai hérité d’un pays au bord du gouffre. Le terrorisme massacrait, les gens craignaient pour leur avenir, l’économie était effondrée. Les gens m’avaient demandé, et j’ai pris mes responsabilités pour rétablir la sécurité du pays et replacer l’Algérie dans le concert des nations alors qu’elle était sous embargo international. J’ai réconcilié les Algériens entre eux alors qu’ils s’entretuaient (…) Peut-être que j’ai failli à ma mission, peut-être que j’ai été trompé par ceux en qui j’avais placé ma confiance, alors qu’ils ne la méritaient pas. Mais je n’avais jamais dans mon intention de faire du mal à mon pays. Jamais !»
S. N.
Comment (120)