Les étudiants dénoncent une tentative de récupération de leur mouvement par le pouvoir
Par Mounir Serrai – La conférence nationale des étudiants annoncée pour samedi prochain à la Safex à Alger a été vivement dénoncée par le mouvement estudiantin très mobilisé depuis le début du hirak le 22 février. Dans un communiqué, le Comité autonome des étudiants d’Alger 2 a alerté l’opinion publique quant à cette «manœuvre du pouvoir» visant à perturber le mouvement et à le détourner de son combat pour un changement radical du système politique».
«Alors que les étudiants forcent l’admiration de tout le peuple algérien de par leur engagement au sein du hirak et leur détermination indéfectible à maintenir la mobilisation malgré les vacances et les températures élevées de ce mois d’août, nous venons d’apprendre avec étonnement la tenue d’une conférence nationale des étudiants pour le 17 août 2019, suite à l’appel du ‘’Pôle des étudiants algériens’’ et d’un collectif, méconnu pendant tous ces mois de mobilisation, qui se nomme Forum national des étudiants», dénonce ce comité, déplorant «une telle démarche que nous considérons antidémocratique».
«En effet, on a du mal à comprendre comment on peut organiser une conférence des étudiants sans la présence des étudiants, qui sont en vacances, et sans la consultation de ces derniers (à travers les assemblées générales). D’un autre côté, les organisateurs invitent leurs camarades à participer à une rencontre où l’ordre du jour est établi d’avance et pendant laquelle on devra discuter d’une feuille de route censée être celle des étudiants. Est-ce là une manière de nous mettre devant le fait accompli ?» se demande ce comité qui estime qu’«au-delà de la démarche antidémocratique et du contenu, après à voir eu vent de l’endroit qui recevra la rencontre nationale, nous exprimons aussi nos doutes par rapport à la nature de cette conférence». Il se demande aussi «comment le pouvoir qui réprime les manifestants, qui emprisonne les militants politiques et qui se sert des recteurs comme relais pour annihiler toute volonté de s’organiser au sein des campus, accorde gracieusement une autorisation pour organiser une conférence à la Safex».
Les étudiants de l’Université d’Alger 2 considèrent que «la conférence nationale du 17 août, qui se tiendra à la Safex, ne représentera en aucun cas les aspirations des étudiants, et toutes les décisions qui seront prises au cours de cette rencontre n’auront aucune crédibilité à nos yeux».
Engagés dans le mouvement estudiantin dès ses débuts, ces étudiants relèvent l’impératif de maintenir la mobilisation jusqu’à la rentrée universitaire et s’atteler dès la reprise à construire le mouvement étudiant à la base, de manière démocratique et aller rapidement vers «la mise en place d’une coordination nationale réellement représentative et combative qui portera les revendications politiques, sociales et démocratiques des étudiants». «C’est à nos yeux la seule perspective pour un changement en faveur de la majorité, et qui peut dessiner l’université et l’Algérie de demain», conclut le comité pour lequel seule la lutte paye !
M. S.
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