Trop tard !
Par Saïd N. – Les émeutes vont-elles succéder, bientôt, aux marches pacifiques qui se poursuivent inlassablement depuis six mois ? Lorsqu’on voit l’étendue et la violence des contestations sociales qui ont éclaté depuis quelques semaines et qui ne s’arrêtent pas dans certaines régions, notamment à cause des pénuries d’eau qui avaient commencé dès le premier jour de l’Aïd, on ne peut s’empêcher de le penser sérieusement.
Prises de panique, les autorités ont essayé de réagir promptement face à une rue qui gronde, en relevant certains responsables de leurs fonctions, dont un directeur de l’Algérienne des eaux à Bouira et le chef de daïra de Lakhdaria, relevant de la même wilaya, mais il semble bien que la digue a éclaté et que le pire est à craindre.
Aux problèmes sociaux restés sans réponses depuis longtemps (distribution de logements, détérioration du cadre de vie dans nos villes et villages, manque d’infrastructures, insécurité…) viennent s’ajouter cette année d’autres facteurs de crise liés à la situation politique que vit le pays, dont celui de la mise au chômage forcé de milliers de travailleurs n’est pas des moindres. Le malaise est tel qu’il suffirait d’une légère chute du prix du baril pour que l’économie s’effondre et que le pays sombre à nouveau dans l’inconnu. Une situation qui n’est pas sans rappeler les événements d’Octobre 1988.
Dans son discours-confessions fuité dans les médias il y a deux semaines, l’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia avait, pour une fois, raison de prévenir contre une explosion similaire à celle du 5 octobre 88, en expliquant que tous les ingrédients étaient –déjà il y a quelques mois- réunis et que rien n’a été fait –son gouvernement lui-même, en fait, n’avait rien fait- pour s’en prémunir. Aujourd’hui, c’est bien trop tard !
S. N.
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