Le FLN a-t-il manipulé les propos de l’ambassadeur de Russie en Algérie ?
Par Saïd N. – Un membre du bureau politique du FLN s’est senti dans le devoir de rassurer, dans une déclaration à la presse, que l’ambassadeur de Russie à Alger ne s’était guère immiscé dans les affaires intérieures de l’Algérie, lors de son entretien, mercredi, avec le secrétaire général du parti, Mohamed Djemaï.
Or, dans un compte-rendu publié le jour même, le FLN avait bien rapporté que le diplomate russe considérait que la solution à la crise algérienne était dans l’organisation de l’élection présidentielle, «dans les plus brefs délais». L’ambassadeur a, ensuite, essayé de nuancer son propos en déclarant que «le peuple algérien est maître de son destin» et en réitérant le refus de «toute ingérence étrangère» dans les affaires intérieures de l’Algérie.
Il est clair que dans la logique de ce membre de la direction de l’ex-parti unique, une ingérence étrangère ne peut être reconnue comme telle que si elle était dans un sens défavorable au pouvoir en place.
Cela dit, ce qui rend difficile toute vérification de la véracité des propos attribués à l’ambassadeur russe, lors de son entrevue avec le patron du FLN, c’est qu’on ne connaît qu’une seule version, celle diffusée par la partie algérienne. Aucune trace de cet entretien dans les agences de presse russes pourtant si friandes des nouvelles venant d’Algérie. Igor Beliaev, a-t-il, oui ou non, souhaité, au nom du gouvernement de son pays, la tenue de l’élection présidentielle en Algérie «dans les plus brefs délais», comme le préconise le pouvoir en place ? Seule la partie russe peut donner la bonne réponse.
Cette polémique nous rappelle une déclaration similaire sur la situation en Algérie, imputée, en mai dernier, au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et diffusée par l’agence APS, avant d’être démentie par l’ambassade de France à Alger. Le correspondant de l’APS à Paris, voulant sans doute faire dans le zèle, avait repris une ancienne déclaration de Le Drian, datant de mars, lorsque le président Bouteflika était encore en place, où il souhaitait la tenue de l’élection présidentielle dans ses délais. Un faux scoop qui a valu son poste au journaliste algérien.
S. N.
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