Les dessous de l’annulation de la règle 51/49 et du retour des véhicules usagés
Par Abdelkader S. – Le pouvoir, désarçonné par la grave crise économique et financière dont les premiers signes commencent à se manifester, essaye de sauver les meubles en recourant à deux mesures – en a-t-il le droit ? – très controversées mais qu’il semble devoir adopter pour deux raisons principales : l’annulation de la règle 51/49 et le retour à l’autorisation d’importation des véhicules d’occasion.
De nombreuses sources informées s’accordent à dire que le pays n’a jamais connu un taux de désinvestissement tel que celui qui a lieu depuis le début de la crise politique en Algérie. De nombreuses firmes étrangères sont pénalisées par l’absence de perspective à court et moyen terme et par le ralentissement de la machine économique. Aux blocages en tous genres, à la bureaucratie hypertrophiée et à la corruption qui décourageaient depuis de longues années déjà les entreprises étrangères à s’installer en Algérie s’est ajouté un gel de l’administration dont les agents refusent d’endosser toute responsabilité depuis que le pouvoir a lancé son opération médiatico-judiciaire pour, pensait-il, gagner les faveurs de l’opinion publique qui était effectivement tombée dans le piège durant les premiers jours qui ont suivi la «démission» de Bouteflika.
Un départ massif des entreprises étrangères achèverait de mettre le pays à genoux et compliquerait la tâche aux détenteurs du pouvoir actuels qui savent pertinemment qu’une crise économique et sociale générera inexorablement des émeutes qui viendront se greffer à la revendication politique forte, portée par des millions de citoyens depuis plus de six mois par des moyens jusque-là pacifiques.
C’est dans un esprit tout aussi machiavélique que le gouvernement annonce le retour à l’importation des véhicules d’occasion par les particuliers. En revenant à cette formule abandonnée il y a plusieurs années pour, avait-on assuré, encourager la mise en place d’une industrie automobile en Algérie pour pallier la baisse des cours des hydrocarbures sur les marchés internationaux, le pouvoir cherche à appâter les barons de la sphère économique parallèle, dominée par les islamistes, réfractaires à l’ordre financier établi et au système bancaire en dépit des appels du pied de l’ancien gouvernement qui n’a eu aucun retour positif.
Par ailleurs, en emprisonnant deux patrons de deux grandes marques qui avaient permis à un grand nombre de citoyens d’accéder à un véhicule neuf, en cassant les prix et en instituant des crédits sans intérêts, le pouvoir a provoqué une pénurie de voitures et, donc, une dérégulation du marché. Les Algériens étant très portés sur ce mode de transport particulier ont toujours réclamé l’autorisation d’importation de véhicules usagers à partir d’Europe – de France notamment. Dès lors, la mesure du gouvernement s’apparente à une décision populiste au fort relent politique à quelques semaines d’une élection présidentielle imposée par le commandement de l’armée et rejetée par les citoyens.
A. S.
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