Les avocats de Tizi Ouzou et Béjaïa à Gaïd-Salah : «Nous entrerons tous à Alger !»
Par Salima R. – «Vendredi, nous entrerons tous à Alger !», se sont écriés les avocats qui ont manifesté aujourd’hui contre l’instrumentalisation de la justice par le régime militaire incarné par le général octogénaire Ahmed Gaïd-Salah. «Arrêtez tous les manifestants un à un si vous le pouvez !», ont-ils ironisé suite à la décision de l’état-major de l’armée d’interdire l’accès à la capitale, une décision qui trahit une panique du régime face à la détermination du peuple à mener son combat jusqu’à l’éradication du système.
«Nous disons à Gaïd-Salah que les avocats se dresseront devant toi et se confronteront à toi par la force de la loi», ont affirmé les robes noires. «A vous qui parlez d’Etat de droit et de justice intègre, nous répondons que cette justice est une justice aux ordres, une justice d’intimidation», se sont-ils insurgé. «C’est une honte que des gens soient enlevés sans respecter aucune mesure légale ni aucune procédure judiciaire», ont dénoncé les avocats.
«En tant que représentants de la loi, nous sommes sortis pour dire que nous ne permettrons pas que la justice soit utilisée pour ce genre de pratiques», ont objecté les avocats qui ont exprimé leur rejet «des arrestations, des intimidations et de l’instrumentalisation de la justice pour terroriser le peuple». «Le peuple a été vacciné contre la peur», ont-ils encore souligné, estimant qu’il (le peuple) ne fera pas marche arrière.
L’ordre des avocats de Tizi Ouzou, de Béjaïa et d’autres wilayas se sont, pour rappel, retirés de l’ordre national, après avoir dénoncé son revirement et l’abandon des résolutions prises lors de l’Assemblée générale de juillet dernier. «L’Assemblée générale avait décidé de se mettre du côté du peuple et deux bâtonniers ont tourné casaque et décidé de rejoindre la commission électorale de la honte», s’est insurgée Maître Nabila Smaïl. «Il ne sert à rien d’emprisonner les militants dans la mesure où ce Hirak n’a pas de leader unique. Ceux qui agissent ainsi croient faussement qu’ils vont rééditer le coup de 2001 lorsqu’ils avaient arrêté les responsables des ârouch. Il faut qu’ils comprennent que ce mouvement de contestation populaire n’est dirigé par personne et qu’il n’a pas des instigateurs mais des militants à travers tout le pays, chaque manifestant est un militant en soi et chaque manifestant s’exprime», a insisté l’avocate en rappelant à l’adresse du régime que «quand bien même il arrêterait tous les Algériens, il ne pourra pas mettre fin à cette révolte pacifique».
Maître Nabila Smaïl a exhorté les manifestants à préserver le caractère pacifique du mouvement «parce qu’il ne faut pas qu’ils nous entraînent sur le terrain», a-t-elle mis en garde.
S. R.
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