Benflis consent
Par Abdelkader S. – Comme annoncé, l’ancien directeur de campagne et chef de gouvernement de Bouteflika a décidé de passer outre la volonté du peuple et de servir une nouvelle fois d’alibi pour le système que des millions d’Algériens veulent voir disparaître à jamais.
Faisant lui-même patrie de l’arrière-garde, septuagénaire, complice pendant de longues années du régime par rapport auquel il a adopté des positions versatiles au gré de ses intérêts, des jeux du sérail, des querelles de chapelle, des calculs bassement politiciens, Ali Benflis s’offre aujourd’hui encore aux tenants du pouvoir à qui il assure une couverture politique en courbant l’échine sur le starting-block dans l’attente du sifflet qui le ferait enfin s’asseoir sur le très convoité siège d’El-Mouradia.
Il est, en effet, difficile de croire que Benflis se lance ainsi dans une nouvelle course s’il n’est pas assuré de ne pas revivre un troisième fiasco au printemps de sa vie, lui qui a, malgré les conseils de nombreuses personnalités, insisté pour prendre part à la présidentielle de 2014 qui a permis à Bouteflika, sur sa chaise roulante, de se faire «élire» face à un adversaire ingambe. L’administration avait, pour faire accroire à une compétition serrée entre le président sortant et son «pugnace» rival, concocté au «challenger» plus de cinq millions de voix. Bouteflika et son système, plus présents que jamais, pouvaient alors s’enorgueillir d’avoir gagné une élection haut la main face à un antagoniste «coriace».
Le revoici donc, cet agglutinant Benflis, par esprit régionaliste, par revanche ou par fidélité à ce même système vomi par les citoyens à qui il demande sans rougir de veiller sur ses urnes, qui se remet en selle pour concourir à une nouvelle imposture électorale que le très pressé Gaïd-Salah veut imposer pour faire taire tout un peuple qui le somme de dégager depuis sept mois et qui se dit déterminé à continuer à crier sa rage jusqu’à ce que les symboles de la rapine s’en aillent enfin.
Ali Benflis fait le chemin inverse, rame à contre-courant pendant que le fleuve gronde. Il sera emporté, en même temps que ceux avec qui il s’est embarqué dans cette galère, par le torrent impétueux de l’inextinguible révolte populaire que son opportunisme résilient à toute épreuve l’empêche de voir et d’entendre.
A. S.
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