Dérive dictatoriale : les premières mises en garde de l’étranger à Gaïd-Salah
Par Kamel M. – L’intervention de l’eurodéputée Marie Arena, dans un enregistrement vidéo hier, sur la situation en Algérie résonne comme une première salve de l’Union européenne qui suit l’évolution de la situation en Algérie avec une grande inquiétude.
Les pays européens qui, jusque-là s’étaient astreints à une relative neutralité par peur à la fois de fâcher les tenants du pouvoir actuels – bien qu’illégitimes – et de parasiter le Mouvement de contestation populaire, reçoivent des rapports alarmants sur la situation des droits de l’Homme depuis que le chef d’état-major de l’armée a accaparé toutes les prérogatives, instrumentant la justice, régentant les services de sécurité, muselant la presse et procédant à des arrestations arbitraires de manifestants, de militants politiques et de journalistes.
La députée membre du groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen a bien fait savoir que l’instance européenne ne restera pas les bras croisés devant les abus constatés et rapportés par des membres du Mouvement de contestation populaire. L’information révélée par Maghreb Intelligence sur la présence du nom de Gaïd-Salah sur la liste des responsables militaires qui devront être entendus dans l’affaire du général Khaled Nezzar en Suisse coïncide avec cette levée de boucliers des Européens et elle semble bien participer d’un début d’action visant à neutraliser celui qui fait peser une grave menace sur l’ensemble de la région par son entêtement à se maintenir au pouvoir par la force.
Car, pour l’Union européenne, mais aussi pour l’ensemble des puissances étrangères, c’est bien une dictature qui s’est installée en Algérie après la démission de Bouteflika suite aux menaces de Gaïd-Salah dont il s’avère maintenant clairement qu’il a été l’instigateur, sur conseil de ses proches collaborateurs, des manifestations contre le Président déchu dans le but de légitimer l’application de l’article 102. Mais le Mouvement de contestation populaire a échappé à son contrôle et s’est affranchi de toute tutelle au point qu’il réclame aujourd’hui son départ immédiat et sans conditions.
Pris à son propre piège, Gaïd-Salah se débat pour se sortir d’une situation qu’il ne maîtrise plus. Mal conseillé, il s’est engagé sur une voie qui accélérera sa déchéance et la chute du régime qu’il cherche à maintenir quoi qu’il lui en coûte. Les ententes secrètes qu’il semble avoir engagées avec des partenaires étrangers pour se maintenir en contrepartie d’assurances quant à la sauvegarde de leurs intérêts économiques en Algérie ne tiennent plus la route. Les capitales occidentales étant désormais incommodées par la tournure que prennent les choses du fait du retour au despotisme – enlèvements, procès expéditifs, etc. – qu’on croyait à jamais aboli en Algérie.
Impopulaire à l’intérieur, isolé à l’extérieur, Gaïd-Salah n’a plus d’autre choix que de mettre son ego démesuré de côté et se retirer bien malgré lui. Mais ceux qui le connaissent savent qu’il ne le fera pas avant d’avoir semé le chaos et la désolation derrière lui.
K. M.
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