Les médias du pouvoir commencent à «lâcher» le général finissant Gaïd-Salah
Par Abdelkader S. – Les médias qui étaient aux ordres du chef d’état-major de l’armée commencent à amorcer un virage à 180° après la «disparition» de l’homme fort du régime des radars. Interdits de couvrir les manifestations qui réclament le départ immédiat et sans condition des symboles du régime, à leur tête l’octogénaire général Ahmed Gaïd-Salah, ces journaux et leurs chaînes de télévision reviennent discrètement à «l’orthodoxie» et recommencent à évoquer le Hirak sans en déformer les slogans.
Après avoir mobilisé tous les moyens en leur possession pour assurer la couverture la plus large possible au mouvement de contestation populaire avant la chute de l’ancien président de la République, ces médias de propagande ont reçu l’ordre strict de ne plus diffuser les images des marches du vendredi, dès lors que les millions de manifestants qui battent le pavé depuis le 22 février dernier ont orienté leurs revendications vers les symboles du système Bouteflika, et plus particulièrement le général Ahmed Gaïd-Salah vilipendé et montré du doigt comme celui qui couvre le clan et s’emploie à perpétuer le régime Bouteflika.
Les médias aux ordres ont poussé l’outrecuidance jusqu’à déformer les slogans des manifestants, qu’ils transformaient au gré des exigences de l’état-major de l’armée dont ils reçoivent les ordres de façon directe. Ainsi, lisait-on dans ces journaux, les Algériens «remerciaient le commandement de l’armée d’accompagner le Mouvement populaire», «savaient gré au chef d’état-major de mener une lutte sans merci contre la corruption», «souhaitaient le changement sous la conduite éclairée du général Gaïd-Salah» et «réclamaient des élections présidentielles au plus tôt».
Dans leur couverture du 34e vendredi des manifestations qui a drainé des millions de citoyens, toujours aussi résolus à faire tomber le régime incarné par l’absent Gaïd-Salah, il est désormais question de revendications réclamant le «départ des symboles du système Bouteflika toujours au pouvoir». Est-ce un signe que Gaïd-Salah a été définitivement lâché par l’état-major de l’armée et que son remplacement n’est qu’une question de temps ou ces médias s’empressent-ils de changer de veste avant qu’il ne soit trop tard ? Mais n’est-il pas déjà trop tard ?
A. S.
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