La situation en Algérie crée un malaise au sein de la classe politique marocaine
Par Karim B. – Une déclaration de l’ancien ministre marocain des Affaires étrangères sur la situation en Algérie a fait réagir le chef de la diplomatie, Nasser Bourita, qui, dans un communiqué sec, a affirmé que les propos de son ancien supérieur hiérarchique n’engageaient pas le gouvernement.
Nasser Bourita n’y est pas allé de main morte dans sa réaction à cette sortie de route d’un ancien diplomate censé «peser ses mots» dans de telles circonstances, d’autant que le Maroc «se tient à carreau» depuis le déclenchement de la crise politique en Algérie. Pour Rabat, qui s’interroge sur le «timing» et les «véritables motivations» de la déclaration de Salah-Eddine Mezouar, ce dernier n’avait pas à commenter la situation interne en Algérie. «Le gouvernement (…) dénonce cette démarche irresponsable, maladroite et irréfléchie», insiste le ministère qui dénie à l’ancien ministre, en des termes virulents, le droit de «se substituer au gouvernement (…) dans la prise de position sur les questions internationales et notamment les développements dans ce pays voisin». «La position du royaume à ce sujet est claire et constante», s’est emporté Nasser Bourita.
Dans sa déclaration, Salah-Eddine Mezouar, qui a démissionné de la confédération patronale marocaine, a apporté un soutien implicite aux islamistes, en «conseillant» aux tenants du pouvoir en Algérie de «composer avec ceux contre qui il a mené une guerre interne pendant dix ans, car il s’agit de l’une des rares forces organisées». Ses propos sont, par ailleurs, interprétés comme un alignement sur le Mouvement populaire qui risque, aux yeux des autorités marocaines, d’encourager les Marocains à suivre l’exemple algérien, d’autant que la mèche de la contestation n’est pas tout à fait éteinte dans le Rif.
D’où la décision du «royaume du Maroc (…) de s’en tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux développements en Algérie» et son abstention de «tout commentaire à ce sujet» car, explique le communiqué du ministère des Affaires étrangères, «il n’a ni à se mêler des développements internes que connaît ce pays voisin ni à les commenter de quelque manière que ce soit».
C’est la seconde fois que la déclaration d’un haut responsable marocain soulève un tollé général au Maroc depuis le début du Mouvement de contestation populaire en Algérie. Le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El-Othmani, avait, lui aussi, été sévèrement recadré pour avoir souhaité, au lendemain de la démission du président Bouteflika, que le changement des dirigeants en Algérie rapproche les deux pays et permette la réouverture des frontières terrestres.
K. B.
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