La réponse méprisante de l’équipe de Charfi à l’initiative des 19 personnalités
Par Saïd N. – Dans une déclaration à la presse, le porte-parole de l’Autorité nationale, dite indépendante, d’organisation et de surveillance des élections, dirigée par l’ex-ministre Mohamed Charfi, s’est senti le devoir de répondre à l’appel lancé il y a quelques jours par 19 personnalités nationales, en vue de trouver une solution à la crise par un dialogue inclusif et des mesures d’apaisement.
Dans cette réponse, l’instance de Mohamed Charfi estime que si les auteurs de cet appel veulent présenter un candidat à la prochaine présidentielle, elle pourra «élargir les garanties», tout en se disant ouverte au dialogue avec n’importe quelle personnalité.
La première question qui se pose, en lisant cette déclaration, est de savoir de quel droit une instance dédiée à l’organisation et à la surveillance des élections, supposée être indépendante, se permet de se substituer au pouvoir politique qui est représenté officiellement par un chef d’Etat et un gouvernement, aussi illégitimes ou peu crédibles soient-ils, sur une question aussi capitale que le dialogue politique.
Par ailleurs, les auteurs de l’initiative n’avaient à aucun moment suggéré une éventuelle participation à une élection qu’ils disent rejeter dans sa forme actuelle pour qu’ils soient invités à y souscrire. Il apparaît évident que ce mépris à l’égard des signataires de l’appel, qui ont leur poids et leur prestige sur la scène politique nationale, traduit un sentiment de repli sur soi, déjà largement reproduit dans les discours bihebdomadaires du chef d’état-major de l’armée, et aggravé une dégénérescence politique inquiétante qui atteint désormais l’unique organe de médiation accepté et promu par le pouvoir.
Après donc ce rejet, hâtif et contreproductif à bien des égards, de toute initiative politique pour sortir de l’impasse politique dans laquelle se débat le pays, il faut s’attendre à une plus grande crispation au lancement officiel de la campagne électorale, qui interviendra dans quelques semaines, qui achèvera de discréditer définitivement le processus électoral.
S. N.
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