Contre le peuple
Par Mohamed K. – Dans sa dernière logorrhée, le chef d’état-major de l’armée assume ouvertement l’idée que l’élection présidentielle du 12 décembre ait lieu malgré et contre la volonté populaire, en assurant que les institutions de la République, dont essentiellement celle qu’il dirige, en plus d’une justice aux ordres, sauront empêcher toute tentative de «perturbation» du processus électoral. Doit-on comprendre que le pouvoir prépare l’opinion à des campagnes de répression encore plus musclées que celle qui a déjà conduit à l’incarcération de plus de 120 jeunes manifestants, victimes d’accusations arbitraires ?
Le même discours réduit les millions de manifestants, qui crient au moins deux fois par semaine leur rejet viscéral de toute élection conduite et supervisée par le même pouvoir, à des adeptes égarés d’une «bande» supposée réduite à néant. Après cette nouvelle provocation, il faut naturellement s’attendre à une escalade aux conséquences incalculables. Or, les choses ne se passeront évidemment pas comme le préfigurent ces discours déclamatoires d’un autre âge.
Que vont faire le pouvoir et ses candidats face à une population plus que jamais décidée à en découdre avec un pouvoir aussi autiste que suicidaire, et qui n’hésitera pas à sortir en masse, mais toujours avec le même sourire et le même enthousiasme, le 12 décembre prochain pour disqualifier souverainement la parodie électorale qu’on veut lui imposer par la force ? Les plus honnêtes d’entre eux – à supposer qu’il en existe – pourront se retirer de la course et faire amende honorable pour leur mésaventure. Il leur reste encore deux semaines pour revenir à la raison et prendre la bonne décision qui lavera leur déshonneur.
M. K.
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