Les gendarmes envahissent la cour d’Oran et malmènent les magistrats grévistes
Par Mounir Serraï – Une unité anti-émeute de la gendarmerie a investi l’édifice de la cour d’Oran pour «chasser» les magistrats en grève depuis maintenant une semaine. Une vidéo filmée par l’un des magistrats et diffusée sur les réseaux sociaux a bien montré l’intervention musclée des gendarmes, avec leurs casques et boucliers, provoquant un mouvement de panique à l’intérieur de cet édifice.
Les magistrats ont «accueilli» les forces anti-émeute par des cris «adala houra moustakila (justice libre et indépendante)». Cette intervention musclée de la gendarmerie a suscité colère et indignation, notamment, sur les réseaux sociaux. Elle intervient deux jours après les «encouragements» reçus par le ministre de la Justice Belkacem Zeghmati, de la part du chef d’état-major de l’ANP qui lui avait demandé d’«aller jusqu’au bout».
Il est à souligner que les magistrats ont entamé la semaine dernière une grève illimitée pour contester, entre autres, le mouvement dans ce corps de justice. Une grève qui se poursuit toujours, malgré les menaces du ministère de la Justice. En effet, Belkacem Zeghmati avait exigé de ses subordonnés une liste exhaustive des juges grévistes. Conforté par le soutien de l’armée, le ministre a donc décidé de passer à l’offensive, quitte à déstabiliser tout un secteur.
Le maintien du Syndicat des magistrats de leurs revendications semble agacer le pouvoir qui fait tout pour faire passer la présidentielle, rejetée massivement par le peuple. Dans une déclaration à la presse lors d’un rassemblement, jeudi dernier, devant la Cour suprême à Alger, Issad Mabrouk avait assuré que les magistrats ne demandent pas des privilèges mais exigent des instruments leur permettant d’exercer leur profession sans pression, ni injonctions. «Le procès équitable exige que le magistrat obéisse à la loi, et uniquement à la loi, et à sa conscience. Celui qui doit évaluer le travail du juge, le féliciter ou le sanctionner est le Haut Conseil de la magistrature. Cette haute institution a été dépouillée de ses pouvoirs…», avait-il souligné.
M. S.
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