Etrange couverture zélée de la grève des juges par les médias soumis au pouvoir
Par Abdelkader S. – Sursaut d’orgueil, couverture autorisée ou manœuvres au sein du sérail contre Gaïd-Salah ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que les médias inféodés au pouvoir assurent un «trop» large écho à la grève des juges et au bras de fer qui les oppose au ministre de la Justice.
Les responsables des médias qui ont été enjoints par les services à la solde de Gaïd-Salah de faire le blackout total sur le Mouvement de contestation populaire et de se consacrer quasi exclusivement aux activités du chef d’état-major de l’armée, des membres du gouvernement et de faire avaler la pilule de l’adhésion de larges pans de la société à l’élection présidentielle du 12 décembre font preuve d’un «zèle» inexpliqué dans leur focalisation sur la protesta des juges.
Les magistrats frondeurs ont eu droit à un traitement de faveur, toutes les télévisions leur tendant le micro avec entrain, relayant sans discontinuer les images de la violation de l’enceinte judiciaire à Oran par des éléments de la gendarmerie et invitant des opposants au régime à s’exprimer sur cette question. Un fait inédit au vu de la chape de plomb qui s’est abattue sur la corporation, forcée à se soumettre au diktat du chef d’état-major de l’armée en raison de la situation de quasi faillite dans laquelle se trouvent tous les journaux et toutes les chaînes de télévision privés et l’absence d’un syndicat réellement représentatif, capable de défendre les journalistes livrés à eux-mêmes.
Cet intérêt soudain porté à une grève qui gêne forcément les plans des tenants du pouvoir illégitime a de quoi étonner, compte tenu de l’impact positif qu’une telle situation inédite peut avoir sur le Mouvement de contestation, qui va en grandissant au moment où le régime perd son sang-froid et voit ses chances de se maintenir plus longtemps s’amenuiser de jour en jour.
La tendance des médias, privés de leur indépendance depuis la prise du pouvoir par Gaïd-Salah, permet de prévoir la suite des événements. Il en fut ainsi de plusieurs conjectures faites par Algeriepatriotique et qui se sont confirmées par la suite, à l’exemple de la candidature de l’ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune annoncée dès juillet dernier sur la base de commentaires dithyrambiques, distillés à travers ces mêmes médias bien avant qu’il en fasse l’annonce lui-même sans grande surprise.
Il est fort probable donc qu’aux dossiers de la corruption fuités par l’entourage immédiat de Gaïd-Salah pour lui paver le chemin de la prison s’ajoute une campagne médiatique qui vise à l’affaiblir davantage en prévision de changements à venir en haut lieu.
A. S.
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