5e mandat recousu
Par Kamel M. – Les cinq pions du régime qui commenceront leur campagne électorale ce dimanche devront s’armer de haut-parleurs ultra-performants pour pouvoir débiter leurs harangues dans les salles que l’administration leur remplira de figurants et d’agents en civil. Car les millions de citoyens qui rejettent la mascarade à laquelle les candidats à la succession de Bouteflika servent de broderie, dans ce qui s’apparente à un cinquième mandat recousu, ne comptent pas laisser le régime dictatorial leur imposer un Président potiche.
Les déplacements des candidats sont scrutés à la loupe et leur programme est divulgué au jour le jour sur les réseaux sociaux pour inviter les Algériens à faire capoter le plan de Gaïd-Salah. Ce vendredi, le fils du moudjahid injustement emprisonné Lakhdar Bouregâa a carrément appelé les citoyens épris de liberté et aspirant à une Algérie moderne, tournée vers l’avenir et affranchie du système archaïque symbolisé par des postulants soit septuagénaires, soit ayant tété à la mamelle du système, à cracher sur ces comparses sans envergure, recrutés pour simuler une compétition démocratique factice.
Alors que Gaïd-Salah et son état-major menacent de sévir contre toute personne qui empêcherait l’exécution de sa feuille de route, les citoyens se montrent davantage résolus à barrer la route à ceux qui veulent «vendre le pays» et qui ont «trahi les martyrs» dont les noms sont de plus en plus invoqués lors des manifestations.
La crise politique profonde qui oppose tout un peuple aux résidus du système corrompu de Bouteflika atteint un point de non-retour à partir de ce dimanche. Des marches hebdomadaires, les Algériens sont passés à des manifestations spontanées, depuis plusieurs jours, à travers le pays pour contrer les ridicules démonstrations organisées par un régime aux abois et qui peine à rassembler plus de quelques dizaines de soutiens fictifs à sa cause perdue d’avance.
Même la répression a atteint son pic à travers les arrestations de manifestants dont la plupart sont libérés quelques heures plus tard. Gaïd-Salah sait qu’il ne sera pas suivi par les centaines de milliers de soldats, de policiers et de gendarmes s’il leur ordonne de faire usage de la force contre le peuple. Les manifestants de 2019 ne sont pas les terroristes des années 1990, quand bien même l’inamovible octogénaire chef d’état-major tente de semer la confusion.
La donne a changé et ni les soldats, ni les gendarmes, ni les policiers ne sont dupes.
K. M.
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