Un citoyen soutire un aveu au candidat Ali Benflis qui admet un fait contraint
Par Nabil D. – Un citoyen a acculé Ali Benflis en lui posant une question qui a contraint le candidat à la présidentielle incertaine du 12 décembre à admettre une vérité que les cinq prétendants à la fonction suprême évitent de dire. «J’ai promis d’instaurer une justice indépendante si je suis élu», a répondu l’ancien chef de gouvernement sous Bouteflika.
Ali Benflis avoue ainsi, en usant d’une litote, que la justice n’est pas indépendante et qu’il y a urgence à la réformer, en réponse à un jeune qui l’apostrophait sur les arrestations des jeunes manifestants à travers le pays sans qu’il réagisse. «Ne ressentez-vous donc aucune gêne à poursuivre votre campagne électorale comme si de rien n’était alors que des dizaines de jeunes sont interpellés à chacune de vos sorties et que vos meetings sont organisés dans des salles bunkérisées et encerclées par les forces de l’ordre ?» a demandé ce citoyen auquel Ali Benflis a répondu par la même formule qu’il répète depuis l’annonce de sa candidature controversée à l’élection présidentielle, décidée par Gaïd-Salah à partir d’une caserne. «J’avais deux choix, soit je reste chez moi et je suis la crise de loin, soit j’agis pour éteindre le feu», a-t-il répété sans convaincre.
D’aucuns se sont interrogés, et s’interrogent encore, sur les véritables raisons qui ont poussé le candidat malheureux des élections de 2004 et 2014 à vouloir tenter sa troisième chance bien que les jeux soient faits et que les résultats soient connus d’avance. Mais des revirements inattendus et des soubresauts étranges ont quelque peu faussé les calculs ces derniers jours. La démission du directeur de campagne d’Abdelmadjid Tebboune, l’arrestation d’un homme d’affaires connu pour être proche de lui, la campagne enragée menée par des médias à la solde du pouvoir et l’étrange annonce d’Abdelkader Bengrina sur le candidat «éliminé» et d’un second qui le «sera bientôt» ont mis à nu une fort probable révision de la stratégie de l’état-major de l’armée.
Un média gouvernemental a carrément jeté son dévolu sur Ali Benflis dont il encense la candidature et loue les mérites, preuve sans doute que Benflis pourrait être le véritable joker de Gaïd-Salah avec lequel il pourrait avoir passé un accord secret qui serait bénéfique aux deux hommes : le premier réalise enfin son rêve de revanche sur Bouteflika qui l’a dupé par deux fois, et le second s’assure une sortie, sans trop de grabuge, après le fatras qu’il a provoqué depuis qu’il s’est initié à la politique de façon maladroite.
N. D.
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