Les complots du pouvoir depuis le 5e mandat jusqu’à l’élection de décembre
Par Mohamed K. – Pendant que le Mouvement de contestation populaire va de l’avant dans ses revendications qui consistent en un changement radical du système politique archaïque, le pouvoir use et abuse des manigances depuis bien avant le 18 avril pour se maintenir. Ce qu’il a réussi à faire jusqu’à maintenant.
En effet, depuis le cinquième mandat jusqu’à l’élection présidentielle du 12 décembre, les tenants du pouvoir illégitime actuels ont réussi à imposer leur feuille de route en douce, par le complot et la sournoiserie. Les millions d’Algériens qui battent le pavé depuis le 22 février ont vite compris, après une courte période de spontanéité et d’inexpérience, que l’appel – l’injonction, à vrai dire – du chef d’état-major de l’armée à l’application de l’article 102, qui devait mettre fin au long règne de Bouteflika et annuler le cinquième mandat, n’était qu’un subterfuge de la colonne vertébrale de ce même système, à savoir le commandement de l’armée, pour maintenir le statu quo et contourner ainsi les exigences du Mouvement populaire en simulant une lutte sans merci contre le «clan».
Cette première action a réussi à assurer aux résidus du système Bouteflika la récupération des leviers de commande qu’ils ne sont pas près de lâcher jusqu’à ce qu’un nouveau Président qu’ils auront fait «élire» reprenne les manettes et sauvegarde le régime hérité de Bouteflika. Ne pouvant pas répondre aux manifestations pacifiques par une intervention militaire directe, comme c’est le cas en Irak et en Iran, l’état-major de l’armée a choisi la méthode la moins coûteuse, en recourant à la manœuvre politicienne plutôt qu’à la répression généralisée. Avec le temps, on se rend compte que la démission de Bouteflika, à quelques jours de la fin de son mandat, n’aura pas servi le peuple majoritaire qui s’en est trouvé piégé par le cadeau empoisonné que Gaïd-Salah venait de lui offrir après qu’une feuille de route eut été savamment élaborée dans des officines secrètes jusqu’à aboutir à l’échéance du 12 décembre, et même au-delà.
Rappelons-nous le processus depuis le meeting de la Coupole du 5-Juillet jusqu’à ce jour. Mouad Bouchareb, qui venait d’être coopté à la tête du FLN à la place de Djamel Ould-Abbès, avait été chargé de provoquer des manifestations, en exhibant un cadre en lieu et place d’un candidat en chair et en os. Parallèlement à cela, les services chauffaient les esprits des citoyens, désabusés, qui allaient aider Gaïd-Salah à se débarrasser du clan rival et, faisant d’une pierre deux coups, des hauts gradés gênants, en fonction ou à la retraite. L’hameçon avait pris lorsque le chef d’état-major avait entamé une fausse opération «mains propres», sciemment surmédiatisée. Puis vint l’épisode des premières élections présidentielles post-Bouteflika dont le régime s’est également servi pour écarter tous les candidats susceptibles de fausser ses plans et qui se retrouvent aujourd’hui quasiment tous en prison.
L’élection du 12 décembre aura bien lieu et le Président de paille fabriqué par le système dans l’arrière-scène de ce mauvais théâtre se prépare déjà à jouer son rôle du comparse servile et impuissant.
M. K.
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