Le déblocage des projets en souffrance de Rebrab prélude-t-il à sa libération ?
Par Abdelkader S. – Le quotidien Liberté a annoncé, ce jeudi, le déblocage par le gouvernement des projets du magnat de l’agroalimentaire Issad Rebrab. Le fils de l’homme d’affaires emprisonné a affirmé que cette décision a été prise suite à une série de rencontres avec le Premier ministre, Noureddine Bedoui. Omar Rebrab n’explique cependant pas dans quel cadre, administratif ou juridique, il a été décidé de mettre fin aux déboires du plus grand groupe industriel privé en Algérie qui ont commencé sous Bouteflika et se sont aggravés avec les tenants du pouvoir actuels.
Ce déblocage est-il le prélude à la libération imminente d’Issad Rebrab dont les causes réelles de son incarcération ne sont aucunement liées à ses activités professionnelles mais à ses positions politiques hostiles au régime ? Aucune allusion n’a été faite à cette question dans l’article prudent de nos confrères. De même qu’aucune information n’a filtré sur les suites à donner à cet empêchement arbitraire des grands projets lancés par le groupe Cevital et qui sont censés créer plus d’un million d’emplois, selon leurs initiateurs : le groupe sera-t-il dédommagé pour les pertes et les manques à gagner accumulés depuis de longs mois ?
«Par ailleurs, relèvent des observateurs, si ce changement de cap du gouvernement est à saluer, il n’en demeure pas moins qu’il fait suite, tout de même, à un grave abus de pouvoir.» En effet, notent nos sources, «si la décision de lever les blocages a été prise par le Premier ministre, cela signifie que la démarche est éminemment politique et que la justice a, encore une fois, été reléguée au rang de simple instrument du pouvoir exécutif. Si elle émane de la justice, cela voudrait dire qu’un grave abus a été commis par celle-ci et que les choses ne peuvent pas s’arrêter là et les responsables de cette exaction devront être jugés».
L’annonce de ce déblocage intervient la veille des manifestations du vendredi qui en sont à leur quarante et unième semaine. Or, tout le monde sait le degré de mobilisation des citoyens de Béjaïa contre le régime actuel. Des dizaines de milliers de citoyens de cette wilaya avaient organisé une marche bien avant la démission de Bouteflika pour, justement, dénoncer les nombreuses entraves dressées sur le chemin d’Issad Rebrab dont le principal investissement se trouve dans cette wilaya. Le patron de Cevital avait montré sa capacité à faire bouger la rue et l’estime dont il jouit auprès des citoyens des régions où ses usines ont permis à un grand nombre de chômeurs d’accéder au monde du travail. Il devenait, dès lors, une menace pour le pouvoir, d’autant qu’il bénéficie de solides appuis à l’étranger où, là aussi, il a investi et sauvé des milliers d’emplois.
Il y a dans cette «concession» du gouvernement comme un aveu de faiblesse dans ce contexte marqué par une montée en puissance du Mouvement de contestation populaire et un signe que le régime est aux abois et cherche à faire amende honorable avant sa chute inéluctable.
A. S.
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