La mise à nu
Par Mounir Serraï – Le pouvoir a actionné ses organisations satellitaires pour, à la fois, tenter de contrer politiquement la résolution du Parlement européen et défendre son élection présidentielle. Après des réactions en chaîne de partis, associations et de figures gravitant autour du pouvoir, dénonçant l’ingérence étrangère, c’est l’UGTA, qui a toujours soutenu le Président déchu, qui a organisé une timide marche pour appuyer l’agenda électoral du régime en place. Mais cette nouvelle manœuvre en faveur des élections du 12 décembre s’est avérée inutile en raison de la faible mobilisation dans les rangs des travailleurs.
Même si elle peut se targuer d’avoir près de 3 millions adhérents, la centrale syndicale n’arrive plus à mobiliser ses troupes. La raison est que le rejet du système et, bien entendu, les élections du 12 décembre est tellement profond qu’il y a peu de travailleurs qui acceptent de se dresser contre la volonté du peuple. Même ceux qui acceptent de participer aux marches pro-élections, ils le font sans conviction ni panache.
D’ailleurs, les quelques centaines de travailleurs ayant pris part à la marche de l’UGTA se sont distingués par leur silence face à un public et des riverains hostiles aux élections.
La faiblesse de la mobilisation des travailleurs par la centrale syndicale renseigne sur le fossé qui sépare la base syndicale pro-Hirak et la direction générale de cette organisation. En voulant donner du sens à son option électorale déjà disqualifiée par une bonne partie des Algériens, le pouvoir se met à nu, laissant ses rares soutiens se donner en spectacle, parfois de manière hilarante.
A une semaine de la clôture de la campagne électorale, ni les candidats ni le pouvoir, incarné par le chef d’état-major de l’armée, n’ont réussi à convaincre de l’utilité du vote du 12 décembre. Et la tension ne fait que monter des deux côtés : le Hirak qui maintient la pression et le pouvoir qui continue la répression sous toutes ses formes.
M. S.
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