Ces deux votes hautement symboliques des Algériens à Marseille et New York
Par Nabil D. – Deux vidéos circulent montrant, l’une comme l’autre, le caractère inique de l’élection présidentielle imposée par le pouvoir pour le 12 décembre en dépit de son rejet par l’écrasante majorité du peuple.
A New York, les citoyens ont organisé un vote parallèle devant l’entrée du consulat d’Algérie où devait se dérouler le scrutin boycotté à près de 100%. Un citoyen tient une urne et des Algériens font la queue pour voter, chacun à haute voix, et introduire un bulletin dans la boîte transparente. Les votants symboliques ont prononcé l’un après l’autre, en guise de solidarité, les noms des détenus d’opinion que le régime dictatorial a jetés en prison et dont ils considèrent qu’ils sont les véritables représentants du peuple. Ainsi, le moudjahid Lakhdar Bouregâa, le militant Karim Tabbou, l’universitaire Fodil Boumala, le journaliste Samir Benlarbi et tous les autres prisonniers injustement incarcérés ont été symboliquement «élus» président de la République.
Derrière, l’entrée du consulat d’Algérie est déserte, très peu de citoyens, hormis les fonctionnaires eux-mêmes, ayant pris le chemin des urnes, le boycott de ce que les Algériens qualifient de «mascarade électorale» atteignant des taux jamais égalés depuis l’indépendance du pays.
A Marseille, c’est un tout autre scénario que les citoyens ont mis en scène. Un bac à ordures a été posé devant l’entrée du consulat sur lequel il a été écrit «Poubelle de l’histoire». Une vidéo montre un groupe d’Algériens invitant un vieil homme crédule à se diriger vers ce dépotoir pour voter. Le vieil homme s’exécute alors docilement, croyant que les élections se déroulent effectivement à cet endroit.
Une séquence tragicomique qui met en exergue la nature même du différend qui oppose le peuple majoritaire au régime autoritaire, à savoir un conflit entre l’Algérie qui avance, celle des millions de citoyens qui manifestent depuis près de dix mois, et l’Algérie archaïque, incarnée par les tenants du pouvoir suranné et leurs affidés.
N. D.
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