La réponse de l’ENTV et les questions aux candidats rédigées par l’armée
Par Mohamed K. – Des observateurs avertis ont constaté la similitude entre les discours lus par Gaïd-Salah et le communiqué rendu public par l’ENTV en réaction à l’action menée par une activiste à Lyon pour empêcher la tenue de l’élection présidentielle. Les mêmes termes et les mêmes tournures ont été utilisés dans ce texte virulent qui a recouru au vocabulaire belliciste du chef d’état-major : «Traîtres», «au service de puissances étrangères», etc.
Le même constat a été fait s’agissant des questions posées aux candidats à la présidentielle incertaine du 12 décembre lors du débat télévisé de ce vendredi. Ces observateurs ont été interpellés par, notamment, la première question relative à l’amendement de la Constitution. La question rejoint également les harangues du chef d’état-major en considérant que la Constitution actuelle pèche par la nature du régime ultra-présidentiel sous Bouteflika, sans que cette assertion soit dite explicitement.
«Or, notent nos sources, il y a dans la formulation de cette question adressée aux cinq débatteurs comme une injonction au futur président de la République de réviser la Loi fondamentale, si bien qu’on serait presque tentés de croire que la nouvelle mouture est déjà prête». «S’il est vrai que les candidats s’accordent à affirmer vouloir répondre à la revendication du peuple, qui appelle à un changement radical de mode gouvernance, il n’en demeure pas moins que ce que ces prétendants à la fonction suprême promettent est irréalisable pour la simple raison que le peuple, qui refuse de voter le 12 décembre, n’acceptera évidemment pas de participer à un référendum qui serait convoqué par le futur Président mal élu», font remarquer nos sources.
Ce double constat trahit la mainmise totale de l’armée sur tous les rouages de l’Etat et la soumission complète des institutions civiles, de la présidence de la République à l’administration locale, en passant par les médias publics et parapublics et la justice, à l’état-major.
M. K.
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