Un rapport confidentiel sur le taux d’abstention ce jeudi effraie le pouvoir
Par Abdelkader S. – Le chef d’état-major de l’armée a les chiffres sous les yeux. Un rapport secret établit, en effet, le taux de participation lors de la présidentielle du 12 décembre à des chiffres bas jamais égalés depuis l’indépendance. Le document, dont des sources informées ont pu obtenir quelques détails, alerte sur l’abstention qui se généralisera à l’ensemble du pays et ne se limitera plus aux centres urbains comme par le passé.
Selon ce rapport révélé par ces sources, la Kabylie enregistrera un taux de boycott qui avoisinera les 100%, tandis que ce chiffre atteindra allègrement les 75 à 80%, voire plus, dans la capitale et les grandes villes du nord et des Haut-Plateaux, à l’instar d’Oran, d’Annaba, de Sétif, de Constantine, de Bordj Bou-Arréridj, de Tlemcen, etc. Le Grand Sud sur lequel le pouvoir misait pour tenter de «rééquilibrer la balance» connaîtra un taux d’abstention élevé, prédit le rapport, dont l’estimation de participation ne dépasserait pas les 40% au grand maximum, selon les auteurs de ce sondage officiel et confidentiel.
«A vrai dire, même ce taux prévu par le pouvoir dans les régions du sud du pays est par trop optimiste», relèvent des sources qui font observer que le Grand Sud «est, en réalité, en état de révolte continu depuis de longues années» et que «les appels du pied du pouvoir central qui ont consisté à dépêcher les membres du gouvernement dans cette partie exclue des programmes de développement, livrée à elle-même et marginalisée, ont échoué à amadouer les populations du Sud et ont, au contraire, exacerbé leur colère qu’ils expriment aujourd’hui haut et fort, en prenant part au Hirak et en revendiquant, à l’instar de l’écrasante majorité des Algériens, le départ immédiat et sans condition des résidus du système Bouteflika qui les a laissés sur la touche».
«Il reste deux cartes entre les mains des tenants du pouvoir : les effectifs des corps constitués, armée, gendarmerie et police, auxquels ordre a été donné de voter, et les populations de certaines bourgades reculées qui connaissent un exode massif et qui ne sont plus habitées que par des personnes âgées et illettrées, donc facilement manipulables», indiquent nos sources qui doutent que le scrutin se déroule comme le veut l’état-major de l’armée «qui multiplie les vaines intimidations, qu’elles soient directes ou par le biais de mises en gardes ineptes de certains avocats à la solde du régime qui brandissent la menace de la prison contre toute personne qui entraverait le déroulement du vote».
Nos sources ironisent en s’interrogeant sur la capacité des prisons algériennes à «accueillir plusieurs millions de détenus».
A. S.
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