Ces médias versatiles qui lynchaient Tebboune hier et l’encensent aujourd’hui
Par Mohamed K. – Le vent a tourné et les girouettes avec. Abdelmadjid Tebboune a-t-il «pardonné» aux médias qui avaient reçu l’ordre de le lyncher lorsque la guerre des clans battait son plein au sommet du pouvoir ou a-t-il préféré les utiliser pour atteindre le palais d’El-Mouradia ? Le nouveau «Président» a évoqué la question de la liberté de la presse lors de sa première sortie publique post-12 décembre, en affirmant la chose et son contraire.
En effet, l’ancien Premier ministre éphémère de Bouteflika a affirmé qu’il était «pour la liberté de la presse sans aucune restriction», tout en laissant entendre, cependant, qu’il ne permettrait pas que les médias soient utilisés à des fins occultes. A qui Tebboune s’adresse-t-il ? A ces mêmes chaînes de télévision qui l’ont pris pour cible sur ordre de Saïd Bouteflika et qui ont tourné casaque dès après la «chute» de l’ancien chef de l’Etat ?
Tout avait commencé au lendemain de la désignation de l’ancien ministre de l’Habitat à la tête du gouvernement en remplacement d’Abdelmalek Sellal. Dès sa prise de fonctions, Abdelmadjid Tebboune a fait de la guerre contre les hommes d’affaires qui gravitaient autour du cercle présidentiel son credo. En s’attaquant à l’«oligarchie» dominante alors, il s’était attiré les foudres du clan adverse et montrait déjà sa connivence avec le chef d’état-major de l’armée, qui tirait ainsi la première salve en direction de Bouteflika.
La première bataille avait été remportée par Saïd Bouteflika, qui avait lancé une campagne médiatique contre le «rebelle» Tebboune qui venait de «trahir la confiance du clan». Les attaques frontales de l’ancien patron du Forum des chefs d’entreprise, le syndicat des patrons qui assurait une aisance financière au régime, contre celui qui allait être limogé à peine trois mois après sa nomination, étaient relayées avec zèle par les médias à la solde du pouvoir, quel qu’en soit le détenteur.
Abdelmadjid Tebboune a-t-il tourné la page de cette campagne enragée qui l’a ciblé et a facilité son limogeage en août 2017 ou va-t-il, comme il y a fait allusion hier, nettoyer le secteur de l’information, pollué par l’argent sale et les alliances conjoncturelles fondées sur des intérêts étroits ?
On le saura vite.
M. K.
Comment (71)