Déjà oubliés ?
Par Abdelkader S. – Des centaines de compatriotes croupissent dans les geôles de Gaïd-Salah pour avoir exprimé leur opinion pacifiquement et revendiqué l’instauration d’un Etat de droit et d’une deuxième République, fondée sur les libertés et la justice. Parmi eux, des militants ont décidé de recourir à la solution extrême et d’observer une grève de la faim en guise de poursuite de leur combat honorable pour la dignité de tout un peuple. Ils se privent de nourriture pour alimenter le feu de la révolte que le régime peine à étouffer depuis maintenant dix mois.
Mais le soutien à ces prisonniers politiques est-il suffisant ? Il est triste de remarquer que la ferveur avec laquelle les manifestants faisaient corps avec les détenus injustement jugés et incarcérés s’est quelque peu estompée. Le Hirak, qui a montré des signes d’un léger recul (tactique ?) ce vendredi, a quelque peu occulté cette question, même si l’avocat Mustapha Bouchachi continue de rendre compte de ses rencontres avec les victimes de la dictature de Gaïd-Salah chaque vendredi et que l’épouse du militant Kaddour Chouicha s’est exprimée deux fois sur la situation du vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme, écroué à la prison d’Oran où l’a rejoint le comédien Abdelkader Djeriou.
Au moment où nous rédigeons ces lignes, les prisonniers politiques en sont à leur douzième jour de grève de la faim et aucun média ne rend compte de leur combat. A-t-on déjà oublié ces militants qui ont bravé les menaces du dictateur Gaïd-Salah et de sa justice du téléphone jusqu’à risquer leur vie ? Faut-il attendre qu’ils subissent le même sort que le défunt Kamel-Eddine Fekhar mort en détention, en dépit des alertes répétées de ses proches et de son avocat Salah Dabouz qui a, lui-même, échappé à la mort après une attaque au couteau ?
A. S.
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