Quatre autres preuves que Gaïd-Salah était le véritable chef de l’Etat
Par Houari A. – Une première en Algérie depuis l’indépendance : un vice-ministre a droit à des funérailles présidentielles, avec la mise en branle de la lourde machine de propagande pour accompagner les funérailles que les organisateurs ont voulues «à la hauteur de celles de Boumediene».
La dépouille de Gaïd-Salah a été exposée au Palais du peuple, un édifice historique relevant de la présidence de la République et non pas au siège du ministère de la Défense nationale comme cela aurait dû être le cas. Le message des tenants du régime est clair : la mort de Gaïd-Salah ne sonne pas le glas du système. Bien au contraire, la mobilisation des moyens de l’Etat dans ce qui s’apparente clairement à une démonstration de force face au Hirak vise à démontrer que les tenants du pouvoir actuels demeurent droits dans leurs bottes et ne sont pas près de dévier du cap défini par leur timonier.
Par ailleurs, la décision des dirigeants politiques et militaires de décréter un deuil national appuie cette démarche de défiance à l’égard du peuple majoritaire qui réclame le départ de tous les symboles du système. Pourtant, dix mois plus tard, ils sont toujours là, plus ancrés que jamais, ne lâchant pas le pouvoir dont la matrice a été constituée dès le lendemain de l’indépendance de sorte à le pérenniser quelles que soient les circonstances. Les milliers de citoyens rameutés de tout le pays – la capitale ne leur est pas interdite – sont, en fait, une répétition machinale de l’opération de vote du 12 décembre, le pouvoir ayant puisé dans le même réservoir qui a servi à maintenir Bouteflika durant deux décennies à la tête du pays.
La présence d’ambassadeurs à la cérémonie de recueillement est, elle aussi, une anormalité au sens protocolaire du terme. En effet, les chefs des représentations diplomatiques étrangères assistent aux funérailles des chefs d’Etat, et uniquement lorsque leur pays n’est pas représenté par le Président, le roi ou le Premier ministre, autrement dit l’homologue du chef d’Etat décédé. Les pays qui ont décidé de dépêcher leur ambassadeur au Palais du peuple ont proclamé ainsi que le vice-ministre de la Défense a le statut de président de la République. Seuls des pays arabes et d’Afrique pourraient avoir entrepris cette démarche contraire aux mœurs diplomatiques.
Enfin, le décernement de la médaille Sadr à Gaïd-Salah le jour d’investiture du nouveau Président avait déjà suscité des interrogations sur cette «entorse» à la Constitution, ladite médaille ne concernant que les chefs de l’Etat, exit toutes les autres hautes fonctions, y compris celle donc de chef d’état-major de l’armée. Du moins, jusqu’à vendredi dernier, date à laquelle Abdelmadjid Tebboune a pourvu Gaïd-Salah d’une distinction normalement réservée au premier magistrat du pays.
H. A.
Comment (34)