Tebboune éjecte Feraoun et supprime le poste de vice-ministre de la Défense
Par Abdelkader S. – Le changement le plus important dans le nouvel Exécutif est la suppression du poste de vice-ministre de la Défense nationale et la non-désignation d’un ministre de la Défense de plein exercice. La fonction revient donc au président de la République.
Les ministères régaliens n’ont pas changé de main, puisque Sabri Boukadoum a repris ses fonctions à la tête de la diplomatie, de même que le très controversé ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, a été maintenu à son poste en dépit de sa grande impopularité due aux arrestations et aux procès expéditifs qui ont conduit de nombreux manifestants, militants et responsables politiques en prison sur injonction directe de l’ancien chef d’état-major. Le ministère de l’Intérieur a été confié à un homme de confiance du chef de l’Etat auquel avait échu le ministère de l’Habitat après la démission forcée de Bouteflika. Le successeur du grossier Salah-Eddine Dahmoune est un proche de Tebboune.
L’inamovible Houda-Imane Feraoun a fini par être éjectée de son poste qu’elle occupait depuis 2015. Nommée par Saïd Bouteflika, elle a été maintenue malgré sa gestion catastrophique du très sensible secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Un dernier classement mondial des performances internet a placé l’Algérie avant-dernière, derrière des pays soit en guerre, soit pauvres, à l’instar de la Somalie et du Rwanda. Houda-Imane Feraoun aura humilié l’Algérie jusqu’à son départ fort souhaité ce jeudi. Il n’est pas exclu qu’elle soit entendue par la justice dans les graves affaires de corruption révélées par des lanceurs d’alerte qui ont déposé de nombreuses plaintes contre elle et ses proches collaborateurs, dossiers et preuves à l’appui.
L’ancien ministre du Tourisme révoqué sous Bouteflika, Hassan Mermouri, a été réhabilité, tandis que le ministère de la Communication est dévolu à Amar Belhimer, un vieux routier de la presse. On note également le retour d’Abderrahmane Raouia aux Finances, de Sid-Ahmed Ferroukhi à la Pêche et, a contrario, la désignation de nouveaux-venus connus du grand public soit pour leurs interventions régulières dans les médias, soit pour leur activité de terrain dans leurs domaines respectifs.
Pour le reste, les nouveaux ministres sont quasiment tous issus des ministères dont ils président aux destinées désormais.
L’annonce du nouveau gouvernement intervient en même temps que la libération de plusieurs dizaines de détenus d’opinion injustement incarcérés, dont le moudjahid Lakhdar Bouregâa et le général à la retraite Hocine Benhadid, gravement malade. Un geste par lequel Abdelmadjid Tebboune et Abdelaziz Djerad semblent avoir voulu faire accepter le nouvel Exécutif, à la veille du quarante-sixième vendredi de manifestations.
Le nouveau gouvernement, qui aura tout le mal du monde à se faire adopter par une opinion publique attachée à ses revendications de changement du système et à son rejet du pouvoir en place, pèche, par ailleurs, par son manque d’expérience à un moment où le pays a besoin de grosses pointures pour faire face aux nombreux défis, politiques, économiques et sociaux, qui s’annoncent extrêmement délicats.
A. S.
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