Trump menace d’intervenir en Libye : l’Algérie plus que jamais menacée
Par Nabil D. – Le Parlement turc a donné son aval, ce jeudi, pour l’envoi de troupes en Libye. Dès l’annonce de cette décision, Donald Trump a sévèrement mis en garde Recep Tayyip Erdogan contre toute «intervention militaire» dans ce pays avec lequel l’Algérie partage une frontière de près de mille kilomètres. Le locataire du Bureau ovale a les nerfs à vif depuis que l’ambassade des Etats-Unis a été attaquée à Bagdad, où 750 soldats américains ont été dépêchés pour éviter un «second Benghazi», comme l’a affirmé le Président américain.
Ankara s’est trop engagé pour que la décision d’envoyer ses soldats guerroyer en Libye soit un coup de bluff. En face, Khalifa Haftar, proche des Américains, rentre du Caire où il a demandé au maréchal Al-Sissi de lui envoyer des renforts pour l’appuyer dans la guerre qu’il s’apprête à mener contre l’armée turque à Tripoli.
L’enlisement du conflit libyen présageait une escalade qui ne pouvait que déboucher sur une exacerbation des hostilités entre les deux principaux belligérants, chacun adossé à des capitales étrangères qui ne veulent pas voir leurs parts des gisements gaziers et pétroliers leur filer entrer les doigts au bénéfice de puissances mondiales ou régionales rivales. Et il y avait peu de chance que le gendarme du monde reste les bras croisés dans cette guerre froide qui oppose deux groupes d’Etat liés par des intérêts économiques et géostratégiques.
L’irakisation de la Libye se profile et inquiète au plus haut point l’armée algérienne, qui a mobilisé plusieurs dizaines de milliers de soldats sur la frontière avec l’ancienne Jamahiriya pour parer à toute éventualité. Une guerre généralisée en Libye aura des conséquences désastreuses sur toute la région et l’Algérie sera la première à en pâtir. D’où la ferme mise en garde d’Abdelmadjid Tebboune dès son investiture contre quelque tentative d’écarter l’Algérie de toute recherche d’une solution à la crise libyenne.
La diplomatie algérienne est appelée à reprendre les choses en main dès que le nouveau chef du gouvernement mettra en place son Exécutif. Les slogans scandés par les manifestants ce vendredi devraient, eux, encourager le chef de l’Etat, bien que souffrant d’un manque de légitimité, à affronter cette menace extérieure avec équanimité et stoïcisme. Les citoyens ont mis en avant leur détermination à défendre le pays, en affirmant qu’ils «sont prêts à s’engager» pour affronter les velléités bellicistes du Président turc et les menaces récurrentes de Khalifa Haftar dont les dérapages verbaux agacent les Algériens.
Une concentration de troupes américaines et turques à quelques lieues de nos eaux territoriales et au plus près de nos frontières terrestres sera perçue par l’ensemble des Algériens comme une menace directe sur la sécurité de l’Algérie. Tant et si bien que la première déclaration que le moudjahid Lakhdar Bouregâa a faite dès sa sortie de prison concerne justement le danger que la Turquie fait peser sur notre pays.
Les bruits de bottes en Libye sont-ils en train de réunifier les Algériens ?
N. D.
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