Tebboune met les bouchées doubles : le dialogue devrait se tenir rapidement
Par Houari A. – Abdelmadjid Tebboune est sur tous les fronts. Les personnalités politiques se succèdent dans son bureau dans la perspective du dialogue auquel il a appelé dès son investiture. Le nouveau Président, qui souffre du manque de légitimité induit par les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’élection du 12 décembre et son rejet par une écrasante majorité des citoyens, semble vouloir palier cette déficience en accélérant le processus de «réconciliation politique».
Désormais reconnu à l’étranger comme un interlocuteur incontournable dans les nombreuses crises qui affectent le monde, notamment le conflit inter-libyen, Abdelmadjid Tebboune a, cependant, besoin de se défaire de cette image de «Président mal élu», en se rapprochant des personnalités connues pour être de ferventes opposantes au régime Bouteflika dont il dit lui-même se démarquer.
C’est dans ce sens qu’il a reçu l’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour et l’ancien ministre de la Communication Abdelaziz Rahabi qui lui ont fait part de leurs conditions avant de répondre favorablement à son offre de dialogue. Les deux hommes convergent vers la nécessité d’aller plus loin dans les mesures d’apaisement prises par Abdelmadjid Tebboune mais qui demeurent insuffisantes pour pouvoir convaincre le Mouvement de contestation populaire d’adhérer à sa démarche.
Le chef de l’Etat devra recevoir de nombreux autres acteurs politiques pour tenter de mettre en place une feuille de route pour une sortie de crise rapide. La libération d’un certain nombre de détenus politiques est présentée comme un gage de bonne volonté, tandis que le maintien d’autres en détention apparaît comme une volonté du pouvoir de ne pas griller toutes ses cartes et de garder des atouts entre ses mains dans ce qui s’apparente plus à une négociation qui devrait porter, vraisemblablement, sur un partage du pouvoir.
Abdelmadjid Tebboune ne pourra pas gouverner s’il ne lâche pas du lest et n’abandonne pas la vision unilatéraliste de l’ancien chef d’état-major, qui a failli conduire le pays à la division n’eût été la patience des manifestants qui ont réussi à se retenir de répondre aux provocations de Gaïd-Salah.
Un futur gouvernement d’union nationale dans lequel l’opposition serait majoritaire, et qui serait issu de ces discussions, n’est pas à exclure. Abdelmadjid Tebboune garde encore vivace le souvenir des deux premières tentatives avortées et semble vouloir éviter de reproduire les mêmes erreurs.
H. A.
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