Rabat veut ouvrir une représentation diplomatique pour le MAK de Mehenni ?
Pa Houari A. – Les plans du Makhzen sont tombés à l’eau. Appels du pied du roi Mohammed VI, discours lénifiants du chef du gouvernement Saâd-Eddine El-Othmani, rappel à l’ordre et sanctions contre l’ancien chef de la diplomatie Salah-Eddine Mezouar par son successeur Nasser Bourita pour avoir «commenté» l’actualité algérienne n’auront servi à rien. L’avènement d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir a fait voler en éclats tous les espoirs de Rabat d’attirer le voisin de l’Est dans ses filets.
Retour à la case de départ donc. Le Makhzen reprend ses bonnes vieilles recettes en se tournant vers son allié qui fut un temps mis en sourdine, lorsque le Rif était en révolte. Ferhat Mehenni reprend du service et s’exprime dans un média marocain sur son projet séparatiste. Etouffé par le Hirak algérien qui a soulevé l’emblème amazigh en signe d’unité nationale et non de division, le MAK revient sur le devant de la scène par le Maroc où un journal local – L’observateur du Maroc – a rouvert ses colonnes au «chef du gouvernement kabyle» qui lance un appel à Mohammed VI pour qu’il ouvre une «représentation diplomatique kabyle à Rabat».
Ferhat Mehenni, brossant dans le sens du poil, dénonce le fait que les «conflits régionaux», c’est-à-dire la lutte des peuples sahraoui et palestinien pour le recouvrement de leur indépendance, «ont longtemps servi de prétextes au pouvoir algérien». Déniant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination entravée par le Makhzen, le chef du MAK n’en appelle pas moins, et de façon contradictoire, à la «restitution de leur souveraineté à la Kabylie, aux Aurès, au M’zab et aux Touareg pour en faire ce qu’ils voudront». Cette vision s’étend au voisin libyen à propos duquel Ferhat Mehenni estime que «c’est une erreur que de vouloir reconstruire une Libye sur le modèle unitaire et centralisé», car la Libye «doit être divisée en plusieurs entités».
Pour aider le Makhzen à régler la question du Sahara Occidental, Ferhat Mehenni propose à Mohammed VI de l’aider à introduire le «gouvernement kabyle» à l’ONU pour gagner une voix en sa faveur. Mais pour cela, il faudrait commencer, insiste-t-il, par avoir une représentation diplomatique à Rabat. «Le gouvernement provisoire kabyle en exil aura son mot à dire sur les conflits régionaux, le jour où la Kabylie sera membre de l’ONU», insinue-t-il, en effet.
Ce n’est pas demain la veille que les relations entre l’Algérie et le Maroc s’amélioreront. Au discours clair et intransigeant de Tebboune sur les questions des frontières et du Sahara Occidental, le Makhzen répond avec sa perfidie habituelle, en recourant aux manœuvres perfides dans lesquelles il excelle.
H. A.
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