Bouteflika, Haddad, Hollande, Valls : Djouhri fait de nouvelles révélations
Par Kamel M. – Ce n’est pas par hasard qu’Alexandre Djouhri a choisi de se confier à un média algérien. Cet homme d’affaires, qui défend les intérêts de l’Algérie à l’étranger à sa façon, semble avoir jugé nécessaire de s’exprimer sur son affaire qui, en apparence, semble ne concerner que la France qui le réclame et la Grande-Bretagne qui le détient, mais qui, quelque part, implique l’Algérie indirectement en raison de ses liens avec Ali Haddad, aujourd’hui en prison.
Beaucoup a été dit et écrit sur ce Franco-algérien qui vivait entre la France, la Grande-Bretagne et la Suisse avant d’être assigné à résidence à Londres jusqu’à ce que les juges britanniques eussent pris la décision de le remettre à la justice française qu’il accuse d’avoir monté une cabale contre lui. A nos confrères du Soir d’Algérie à qui il a accordé une interview «quelques heures avant d’être délivré à la France», Alexandre Djouhri revient sur le système Bouteflika qu’il qualifie de «forteresse», sur son ami Ali Haddad qu’il dit avoir accompagné à Djibouti pour «construire un pipe» et sur l’affaire Sarkozy dans laquelle, «pour des raisons politiques», certains milieux ont «voulu le faire mentir» en accusant [à tort] l’ancien chef de l’Etat français.
Interviewé par le politologue algérien Naoufel Brahimi El-Mili, Alexandre Djouhri affirme qu’il serait «heureux» de se rendre en Algérie «le plus vite possible», en regrettant qu’il ait été empêché de se rendre aux funérailles de sa sœur. «Je vais découvrir une Algérie différente», a-t-il dit en confiant que l’élection d’Abdelmadjid Tebboune «[lui] va parfaitement».
Le très médiatisé homme d’affaires franco-algérien affirme qu’il n’a «jamais eu d’activité industrielle ou économique», en Algérie, avant de préciser : «J’ai fait toutefois une seule exception à titre amical, j’ai accompagné Ali Haddad à Djibouti en vue de construire un pipe, de Djibouti à Addis-Abeba, Ali Haddad n’était pas en mesure de réaliser ce projet car son usine de pipes n’était pas en capacité de production. Il s’agissait d’aider une connaissance algérienne à intervenir sur un marché prometteur africain, mais je n’ai jamais fait d’affaires en Algérie.»
Démentant détenir un passeport diplomatique, Alexandre Djouhri assure qu’il n’a «aucun lien avec un réseau du pouvoir algérien», en expliquant que «le système de Bouteflika n’était pas tissé en réseau mais plutôt bâti en forteresse». C’était pour lui, a-t-il confié, «un monde étranger en raison de son lien énorme avec le gouvernement de Hollande et de Valls» qui «en sous-main, faisaient la pluie et le beau temps en Algérie». Il estime que l’Etat algérien qui «n’a pas fait un geste» pour le soutenir ou, à tout le moins «rassurer» sa famille, l’a «symboliquement déchu» de sa nationalité, «alors qu’à Londres, j’étais enchaîné vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pendant dix-huit jours, subissant un traitement défini par les droits de l’Homme comme cruel et inhumain», s’est-il indigné.
Questionné sur l’affaire pour laquelle il est jugé en France, celui qui se dit résolu à «repartir à l’attaque à mille pour cent», a indiqué que celle-ci est une «sinistre blague» et un «colossal mensonge», en soulignant que le mandat d’arrêt européen lancé contre lui est un «inventaire à la Prévert, un château de cartes» qui, bien que n’ayant «aucune valeur juridique», sera quand même poursuivi. Alexandre Djouhri accuse un «réseau politico-financier tricolore» d’avoir mis les Anglais sous pression pour «faire semblant de croire au sérieux de la poursuite».
Au sujet de l’affaire du financement libyen impliquant l’ancien président français de droite, Nicolas Sarkozy, Alexandre Djouhri affirme qu’[on] lui a «mis sur le dos un transfert de 500 000 dollars pour Claude Guéant». «Une histoire de villa dans laquelle je ne suis pas partie, des commissions sur une vente d’Airbus pourtant limpide», a-t-il objecté, en pointant des juges qui «finissent par croire à leur propre roman». «Je suis victime d’un traquenard judiciaire, il fallait que je sois torturé», a-t-il ironisé, en expliquant que les juges voulaient le faire mentir «comme ils l’ont fait avec Takieddine», parce qu’«il fallait, pour des raisons politiques, que j’accuse Sarkozy, alors que je n’ai joué aucun rôle dans ce supposé financement».
Alexandre Djouhri qualifie son extradition à Paris de «kidnapping judiciaire», accusant un «petit gang de pirates de l’économie qui entendent gagner de l’agent en faisant chanter des capitaines d’industrie».
K. M.
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